Sauvetage aux Glénan - Histoires de Sexe

Sauvetage aux Glénan

... l’eau. Consultant le sondeur du regard, je notai la profondeur – vingt-quatre mètres – et entrai le point dans le GPS, à tout hasard. Après tout, le bateau pouvait peut-être être récupéré.

Je le regardai s’enfoncer, dans un sillage de bulles, et m’assurai qu’il ne restait pas entre deux eaux, puis décidai de m’éloigner avant que le jour ne disparaisse totalement. Nous n’étions qu’à quelques dizaines de minutes du mouillage de l’Île aux Moutons dont le feu venait de s’allumer. Jetant un coup d’œil dans le carré, je vis que les deux rescapés étaient conscients et tentaient de s’extraire de leurs cirés.

— Il y a du thé chaud dans une thermos coincée dans l’évier de la cuisine, leur criai-je, je vais mouiller à l’abri de l’île, restez au chaud et prenez des couvertures si vous avez froid.

Longeant les brisants des Trévarec, je mis le cap sur la silhouette massive de l’îlot de Pen a Guernen encore bien visible et j’entrepris de gagner l’anse abritée située au Sud-Est de l’île.

Le coffre métallique utilisé épisodiquement par le bateau des Phares et Balises clapotait doucement sur l’eau calme et je m’y amarrai solidement. Un coup d’œil sur le pont et aux alentours ne révélant pas de problème immédiat, je décidai de m’occuper de mes naufragés. Première surprise en descendant dans le carré ; il s’agissait en fait de… naufragées !

— Merci beaucoup, me dit la première, d’une voix dans laquelle il me sembla discerner un léger accent, vous nous avez sauvé la vie.
— Euh, ...

... bon… bredouillai-je bêtement, tout le monde en aurait fait autant !
— Sans doute, répondit-elle, mais nous avons vu passer une bonne dizaine d’autres bateaux et aucun n’a semblé nous voir. Lorsque vous nous avez récupérées, nous étions dans l’eau depuis plus de trois heures et complètement à bout de forces !
— Expliquez-moi ce qui s’est passé, lui répondis-je, un peu étonné.
— Nous avons quitté Dublin il y a deux jours, ma cousine Gwynis et moi. Je m’appelle Vilna, je suis médecin à Cork et nous avions projeté de venir passer ce mois en Bretagne. Tout se déroulait à merveille, lorsqu’en début d’après-midi, alors que nous filions à bonne allure sous génois et grand-voile, nous avons heurté ce qui nous a semblé être une grande caisse métallique presque entièrement immergée, peut-être un container perdu par un cargo. Dans le choc, l’étai arrière s’est brisé et le mât est tombé sur l’étrave, tandis que l’eau envahissait la coque par une grande déchirure à l’avant. En quelques minutes, leBrendan s’est couché, puis retourné, nous avons pas eu le temps de mettre le radeau de survie à l’eau. Peut-être a-t-il coulé maintenant…
— Il a en effet sombré, peu de temps après que je vous ai récupérées, lui dis-je, j’ai noté sa position. C’est à moins de deux milles d’ici. Peut-être est-il récupérable. Au fait… je m’appelle Patrick. Je suppose que vous devriez avertir vos proches, ou les autorités, de ce qui vous est arrivé, mon émetteur radio est en panne, mais je vous propose d’aller ...