Mosca la Libertine
Datte: 05/12/2019,
Catégories:
Voyeur / Exhib / Nudisme
odeurs,
conte,
Humour
Auteur: Marie Tozzi-Setti, Source: Revebebe
... corrigé par l’aînée des Diptères : Mégamouch, ma Môman bien-aimée…
… que j’allais quitter pour aller vivre ma vie !
Je me retournai, lui fis une léchouille sur sa patte si douce et si veloutée… Une larme perla au bout de mes longs cils de soie. Me retournant brusquement, je manquai perdre l’équilibre. Je me rattrapai de justesse. Il ne fallait surtout pas que je rate mon envol !
La vitre gauche de la portière arrière était entrouverte. Je filai, droit vers la liberté !
Droit sur la mobylette, droit sur la princesse bleue.
Je me posai sur les sacoches trempées. Je dérapai, me léchai pour sécher mes ailes, puis je trouvai un passage. J’entrai dans un endroit noir, sec, qui ne sentait pas la soutane. Des senteurs de légumes, de charcutailles, de fromages déjà bien avancés, avaient la une.
Je me faufilai sous un couvercle en carton, sur lequel j’avais distingué, dans la pénombre, une tronche qui me rappelait quelque chose : le moinillon de la deudeuche ! La même coupe de cheveux - sans cheveux d’ailleurs - la même robe, et le même petit ventre bien rempli.
La boîte m’inspirait confiance. L’odeur était super. Quel moelleux… Mais, nom d’une larve ! C’est un camembert !
Et un bon, de plus, ce qui ne gâtait rien !
J’entendis une douce mélopée s’élever de la boîte en question, une fois que j’eus refermé le couvercle sur mon postérieur :
Chaussée aux…
(Vous connaissez la suite. Je ne vais pas vous la chanter en entier…)
Je m’endormis, après avoir ...
... fait ripaille, bercée par le bruit de pétarade de la mobylette bleue.
Je fis un rêve étrange…
J’étais dans un drôle de pays où il faisait nuit et froid. Mais froid… Froid de chez froid, quoi !
C’est vrai qu’avec mes bas de soie et ma jupette noire en «velours panné», je n’étais pas bien couverte… Mais j’avais refusé d’enfiler la parka façon années 70 que ma mère voulait me faire mettre, lorsque je vivais encore avec la marmaille.
Je commençais à la regretter…
De violents frissons me secouaient et mes mandibules claquaient super fort. Pourvu que ça n’aille pas me péter les jolies quenottes que j’avais héritées de mon paternel ! (A ce que l’on m’avait raconté : moi, je ne l’avais pas connu, il avait quitté ma mère alors qu’elle allait mettre au monde sa nichée de larves, s’enfuyant avec Anophèle, une voisine qui avait des actions dans un labo de vaccins contre la malaria.)
Je décidai de soulever le chapeau de la boîte, où j’avais flirtée avec Morphéus.
Rien, le noir complet. Mais un noir encore plus froid. J’avais les yeux qui me piquaient, les lèvres qui se collaient, comme si elles avaient peur d’être un jour séparées. Mes pattes, mes si fragiles petites pattes, ne me soutenaient plus. Je restais allongée sur le fromage, qui n’avait plus l’air moelleux du tout. Dur, qu’il était, le super calendos de chez «Je marche tout seul».
Et puis je tendis mes antennes… Qu’est-ce que c’était que ce bruit ? Comme un ronronnement… Mais c’était pas un ronronnement qui ...