1. Un amour perdu


    Datte: 04/12/2019, Catégories: fh, jalousie, dispute, cérébral, nonéro, confession, mélo, nostalgie, policier, amourpass, amourdram, regrets, Auteur: Tito40, Source: Revebebe

    C’était un bureau dépouillé, humble, que les défauts visibles et l’usure rendaient vivant. Il n’y avait en son centre qu’une feuille de verre épais posée sur deux tréteaux chromés, un fauteuil en cuir noir usé, deux chaises face au bureau, et quelques piles de dossiers poussiéreux. Max Reminof m’avait été recommandé par un ami qui l’avait fait travailler pour une histoire d’héritage ; mais ce que j’allais lui demander, moi, n’avait rien à voir avec l’argent.
    
    J’ai trop longtemps vécu dans le passé, à ressasser, à remâcher : j’aurais dû, j’aurais pu, j’aurais mieux fait de, et si j’avais, et que serait-il arrivé si… On en oublie le présent à trop penser à l’avenir, on en oublie qui on est alors qu’on cherche juste à se reconfirmer d’où on vient.
    
    C’est un ami psy qui m’a recommandé d’oublier le passé et de penser à mon avenir. J’ai essayé. Mais le futur c’est pour plus tard, et rien ne se produit comme on l’avait imaginé. Alors j’ai décidé de prendre le taureau par les cornes et de vivre, vivre maintenant, vivre bien, rire, profiter, aimer.
    
    Avant d’appeler Max Reminof j’ai ressorti mon vieil album photo qui me servait de livre de chevet jusqu’à ce que je me décide à passer à autre chose. Des photos jaunies, mais qui me rappelaient les moments heureux de ma vie, comme si le bonheur c’était hier, comme si le bonheur c’était du passé. Revoir ces photos de nos vacances en Vendée provoquait chez moi toujours la même pointe de nostalgie. En regardant les photos, je ...
    ... ressentais un immense bonheur, le même que celui que j’avais ressenti à l’époque alors que je n’avais que 15 ans, et immédiatement après je me sentais envahi par le désespoir.
    
    * * *
    
    J’avais 16 ans. Ce furent mes dernières vacances avec mes parents. Plutôt grande gueule, plutôt beau gosse, sportif, pas trop con, bon élève mais sans plus, j’étais un sacré frimeur. Je passais mon temps à draguer et je « chopais » tout ce que je pouvais. Les filles étaient un peu plus farouches qu’aujourd’hui, mais avec un peu de baratin on arrivait quand même à les toucher, à les embrasser, et parfois même à les amener dans sa tente.
    
    Cette année-là, j’avais jeté mon dévolu sur une montagnarde. Enfin, son père était breton, sa mère italienne, mais ils vivaient dans les Alpes. Muriel n’était pas à proprement parler une bombe, mais elle avait de la conversation. Elle était agréable, souriante, gentille, pas prétentieuse du tout alors qu’elle aurait eu de quoi, et c’est au tout premier regard que je me suis senti attiré par elle. Une attraction animale, irréfléchie, un peu instinctive. Pour la première fois de ma jeune existence, j’avais eu le sentiment que peut-être je pourrais me lier à quelqu’un de façon durable. On avait passé plusieurs soirées ensemble à discuter, à chanter à rire, à danser, à faire du sport, et vraiment le courant passait super bien. Je me sentais tellement bien avec elle. Sauf qu’elle avait décidé qu’on pouvait s’embrasser mais qu’il était bien trop tôt pour aller plus loin. ...
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