Un si long voyage... - Histoires de Sexe

Un si long voyage...

... Les idiots qui ont conçu le projet Gaïa étaient des utopistes et des rêveurs incompétents. Ils n’avaient pas compris que c’est la nature de l’homme de faire le mal. Les hommes ne peuvent s’empêcher de mentir, tricher, trahir ! Ça n’arrêtera jamais, tu ne le comprends pas ? Si la Terre est détruite aujourd’hui, c’est à cause de nous. Et nous voudrions tout recommencer sur une autre planète ? Je ne laisserai pas cela s’accomplir !
— Carla. Va chercher de l’aide, préviens les autres qu’il veut faire exploser le réacteur. Vas-y vite, il faut l’empêcher.
— Ce n’est pas la peine, j’ai tout reprogrammé. C’était si simple. Personne n’avait prévu qu’on veuille faire sauter le vaisseau, c’en est risible. On ne peut plus rien arrêter. Le compte à rebours est presque terminé. Regardez. Dans moins d’une minute, le moteur va s’enclencher pour démarrer la décélération. À ce moment, le réacteur explosera.

Blanche prit appui sur son amie pour se lancer vers Daniel. Il ne chercha pas à l’éviter, ni à l’empêcher de le frapper. Elle tapait aussi fort qu’elle le pouvait, rapidement des bulles de sang volèrent. Elle pleurait toujours. Devant sa passivité, elle finit rapidement par arrêter de le frapper. Il lui saisit alors les poignets.

— Je crois que je l’ai toujours su au fond de moi. Je savais que je devais le faire. C’est mieux ainsi, crois-moi, lui dit-il doucement, pensant la rassurer par ses paroles.

Blanche, quant à elle, n’entendait que les paroles d’un fou. Les paroles d’un ...

... fou qui avait décidé de juger coupable tout un peuple et de les condamner à mort.

Un fou qu’elle avait cru aimer.

En regardant défiler le compte à rebours et les dernières secondes, elle se dit qu’elle avait elle aussi toujours su que Daniel avait besoin de son aide. Elle aurait dû le comprendre.

Son dernier geste fut de se jeter dans les bras de Carla, après un dernier regard pour son frère. Elle n’eut pas le temps dire une dernière fois à la jeune femme qu’elle l’aimait.

La destruction du vaisseau fut instantanée. Personne, parmi les trois mille sept cent cinquante-cinq passagers du Gaïa n’eut le temps de comprendre ce qui se passait. En moins d’un dixième de seconde, une gigantesque explosion avait totalement vaporisé le vaisseau et tous ses occupants.

En orbite autour de Terre Nouvelle, Anaelle consulte avec attention le rapport de l’ordinateur de la station d’observation astronomique. Depuis vingt ans que les humains ont colonisé cette planète, suite à la maîtrise des voyages hyperspatiaux, cette station guette l’arrivée du Gaïa, parti de la Terre cent trente-deux ans plus tôt. Si tout s’est bien passé, Anaelle doit y avoir des cousins à son bord, c’est pourquoi elle s’est portée volontaire pour ce travail. Un lointain parent faisait partie des initiateurs de ce projet et était l’un des trois cent quarante-six membres d’équipage à se lancer dans cette incroyable aventure. Aujourd’hui, les volontaires pour cette station sont rares tellement ce travail est ...