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Un si long voyage...
Datte: 29/11/2019, Catégories: amour, nonéro, sf, Auteur: Patrick R. D., Source: Revebebe
Le voyage durait depuis plus de cent trente ans. Plus d’un siècle que le plus grand et le plus incroyable engin spatial conçu par l’humanité voyageait dans l’espace. À son départ de l’orbite terrestre, le Gaïa emmenait à son bord quelques centaines de personneS. Ils étaient désormais plusieurs milliers. L’équipage était formé par les arrière-petits-enfants des membres de l’équipe originelle. Eux étaient tous morts depuis longtemps. Avec les technologies existant au milieu du vingt-et-unième siècle, c’était le seul moyen pour permettre à un vaisseau piloté par des humains de faire un aussi long voyage. C’est ce qui expliquait la taille de cet engin, long de plus de six cents mètres, en forme de cylindre tournant en permanence sur lui-même de manière à créer une gravité artificielle équivalente à celle de leur future planète. Le Gaïa se déplaçait dans l’espace au quart de la vitesse de la lumière. Jamais auparavant un engin construit par les hommes n’avait été aussi vite. Il lui avait fallu trente longues années pour atteindre cette vitesse. Désormais, la dernière phase du voyage allait commencer avec la longue décélération, longue elle aussi de trente ans, leur permettant à terme de se mettre en orbite autour de la planète qu’ils avaient nommée Terre Nouvelle. Daniel ne se lassait pas d’admirer les images obtenues avec les instruments d’observation du Gaïa. Il savait tout ce qu’il était possible de connaître sur ce système solaire et sur l’orbite de leur future ...
... planète. Par contre, quand il pensait qu’il faudrait encore plus de trente longues années avant de pouvoir y poser les pieds, il se sentait pris d’un profond sentiment de lassitude. Avoir vingt ans sur le Gaïa n’était pas chose simple. Heureusement, il avait trouvé en Blanche un soutien qui lui permettait de se concentrer chaque jour sur son travail. La vie des trois mille sept cent cinquante-cinq passagers du Gaïa reposait en grande partie sur ses épaules. Car, malgré son jeune âge, il était l’un des responsables du fonctionnement du réacteur à fusion du vaisseau. Il se devait donc de rester parfaitement maître de ses émotions. Et grâce à la présence de la jeune femme, il avait trouvé une raison d’être assez forte pour lui faire oublier leur inconfortable situation, seuls, à des années-lumière de toute autre vie humaine. S’il restait seulement d’autres humains vivants… Souvent il regrettait le choix fait par les initiateurs du projet Gaïa d’avoir refusé tout contact avec la Terre. Le vaisseau ne disposait en effet d’aucun moyen de communication permettant de recevoir les émissions radios en provenance de la Terre. Ils étaient encore moins capables d’envoyer le moindre message vers la Terre. Il se demandait souvent ce que les habitants de la planète de ses ancêtres étaient devenus. Vivaient-ils comme l’avait prédit John Kelly, le fondateur du projet Gaïa, sur une planète asphyxiée, surchauffée et presque morte, aux prises à des conflits incessants pour le contrôle des ...