1. Un si long voyage...


    Datte: 29/11/2019, Catégories: amour, nonéro, sf, Auteur: Patrick R. D., Source: Revebebe

    ... mains, le regard perdu. Il n’entendit pas la porte de la salle de bains s’ouvrir, ni même Blanche venir près de lui. Il se rendit compte de sa présence quand elle lui enleva doucement la lettre des mains.
    
    — J’ai toujours voulu t’en parler. Mais je n’ai jamais trouvé les mots. Je suis désolée que tu sois tombé sur cette lettre.
    
    Elle lui avait parlé doucement, tendrement, comme pour le réconforter. En relevant le regard vers elle, il lui répondit sèchement.
    
    — Ça dure depuis longtemps ? Vous me mentez toutes les deux depuis combien de temps ?
    — Est-ce si important ? Tu crois que cette situation nous amuse ? D’être obligées de nous cacher de tous ? De toi surtout ? J’espérais tant que tu nous comprendrais. J’ai toujours espéré que si quelqu’un pouvait nous comprendre à bord de ce vaisseau de malheur, c’était toi. Nous voulions te le dire, finit-elle dans un souffle.
    — Comprendre quoi ? Il n’y a rien à comprendre !
    
    Il se leva, repoussant la main de sa sœur, et sortit sans un mot de plus, laissant Blanche en pleurs, la lettre serrée dans sa main. Après être restée quelques minutes prostrée en train de pleurer, son premier geste fut d’appeler Carla.
    
    C’était vers le jardin botanique du vaisseau qu’Aaron se dirigeait toujours pour réfléchir et se détendre. Ce fut encore une fois au milieu des plantes qu’il alla immédiatement en quittant la cabine de Blanche. En partant, il avait en tête d’aller sur-le-champ voir Carla pour lui dire que tout était fini entre eux. ...
    ... Sur le chemin de la cabine de la jeune femme, il avait changé d’avis, préférant prendre le temps de réfléchir. Il n’arrêtait pas de se demander comment il avait pu être aussi aveugle. Comment ne s’était-il pas rendu compte de ce qui se passait entre sa sœur et la femme avec qui il pensait faire un enfant ?
    
    Il marchait lentement le long de l’allée des lauriers, remplissant ses poumons de leur parfum, quand il entendit marcher derrière lui. Il s’étonna de voir Daniel ici, mais s’en réjouit. Il fallait qu’il lui parle.
    
    — Aaron, bonsoir. Comment vas-tu ?
    — Si tu veux vraiment le savoir, mal.
    — Qu’est-ce qui se passe ?
    — Justement, il faut que je te parle, ça te concerne aussi. Viens par là, nous serons plus tranquilles.
    
    Aaron conduisit Daniel dans une petite clairière aménagée au milieu de bambous. C’était un endroit calme et presque toujours désert.
    
    — De quoi veux-tu me parler ? lui demanda Daniel, curieux.
    — De Carla et Blanche.
    — Oui, et alors ?
    — Tu sais déjà pour elle ?
    — Je sais quoi ? Qu’elles sont très proches ? Oui, bien sûr, des fois je me dis qu’elles sont comme des sœurs.
    — Non, c’est pas ça du tout. Elles couchent ensemble !
    
    Daniel resta bouche bée, choqué, autant par ce qu’Aaron venait de lui annoncer que par la manière.
    
    — Retire ça tout de suite ! Salaud !
    
    Jamais Aaron ne l’avait vu ainsi. Jamais auparavant il ne l’avait vu hausser le ton et encore moins crier comme il venait de le faire.
    
    — Je suis désolé de te le dire comme ça. Mais ...
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