La cérémonie - Histoires de Sexe

La cérémonie

... dans le quartier. Mais il y avait d’autres histoires à ce sujet que j’avais oubliées pour l’instant. J’avais l’esprit ailleurs, devenir impuissant du jour au lendemain, ça travaille son homme.

« Vaudou et canne à sucre », me dis-je, « on reste dans le thème, y manque que les zombies ».

Pierrette dévora la belle Haïtienne des yeux en lui serrant la main. Tahina portait la même jupe qu’hier, un court manteau beige gonflé par sa poitrine opulente et de gros anneaux dorés suspendus aux oreilles. Elle avait attaché ses épais cheveux frisés en queue de cheval ce qui dégageait son beau visage à peine maquillé.

— Et puis, me demanda-t-elle en passant la tête entre les sièges, comment tu te sens ?
— Y bande pu ! fit Pierrette sans détour.

Médusée, Tahina arrondit les yeux, pour sourire finalement.

— Oh, c’est puissant, la magie vaudou. Il lui faut un gri-gri au plus vite.
— Au plus vite, confirma Pierrette. Après on se fait un petit souper tous les trois. Je vous invite ?

Pierrette en mode séduction… ça ne traînait pas. J’en savais quelque chose. La première fois que l’on s’était rencontrés en camping, elle m’avait fait une pipe.

— Désolée mais j’ai des cours cet après-midi et ce soir. Je vais vous présenter à ma tante et elle…
— Ta tante, c’est le docteur vaudou ? lui demandai-je étonné m’imaginant plutôt un vieux bonhomme édenté style pépé Christophe.
— Oui, et elle est très puissante, elle vous dira quoi faire, Paul, et il faudra lui obéir. Mais il va ...

... falloir trouver aussi son âme, madame Pierrette.
— Ah ! ben oui, son âme ! Ça te manque-tu tant que ça, Paul, une âme ?

Je soulevai juste les épaules en tirant sur mon cigare.

— Si le bokor la mange, il ne pourra jamais la récupérer, madame Pierrette, faut pas rire avec ça. Il pourrait même le transformer en zombie. Et trouver le sorcier ne sera pas évident.
— Doit pas y avoir trop de sorciers vaudou à Montréal, dis-je en évitant de justesse unsquidgy en plein milieu de la rue avec des cheveux vert et bleu et la face pleine de ferraille et qui me fit un doigt d’honneur en plus. Je me sentais d’humeur à écraser le prochain.
— Oh ! oui, Paul, beaucoup ! On est environ soixante mille Haïtiens à Montréal, y doit y avoir d’après ma tante Maima pas moins d’une centaine, voire plus de sorciers vaudou ; des hougans, des mambos et des bokors. Mais ils ne sont pas tous de vrais sorciers, plusieurs se prétendent bokor ou hougan juste pour faire de l’argent. Ma tante Maima, elle, est une Mambo, une vraie et elle a beaucoup de relations. Elle va vous aider, mais elle a sa manière bien à elle de faire la magie. Elle pratique un vaudou très ancien que la plupart des autres ne connaissent plus. Même si cela vous paraît étrange, faites tout ce qu’elle dira de faire, Paul. Elle combat le feu par le feu.
— OK, mais, si j’allais parler à ton ex dans le blanc des yeux pour qu’il nous avoue le nom de son bokor ?
— Mauvaise idée, il a douze frères. Je l’ai appelé hier et il dit que si je ...