De Castelroche à Maravelle - Histoires de Sexe

De Castelroche à Maravelle

... s’efforça de chasser cette pensée et les souvenirs qui l’accompagnaient. Il savait dans quelle pièce il avait rendez-vous et entra sans frapper.

Al Quraysh était confortablement installé dans un divan miteux face à l’entrée. Une bougie éclairait la moitié de visage balafrée de son orbite vide à sa lèvre inférieure, et le vieux renard lui fit un sourire où plusieurs dents manquaient. La jeune fille qui s’occupait de son entrejambe sursauta à l’entrée d’Eredur, mais il l’attrapa par sa queue de cheval et la força à reprendre sa tâche.

Le jeune homme contempla la scène en s’efforçant de ne pas montrer la répugnance que lui inspirait l’ancien brigand et alla s’asseoir lorsque celui-ci tendit la main vers un pouf avec un sinistre sourire de bienvenue.

— Eredur, mon ami ! s’exclama l’aquourite en couvrant les bruits de succions que faisait la fille. Je suis heureux de te voir. Je me rongeais les sangs en t’attendant.
— Il n’y avait pas de quoi, la mission a été plus facile que prévu. Le plus dur va être de quitter la ville discrètement.
— Tu comptes aller où ? demanda le vieil homme d’un ton rusé.
— On a convenu d’un point de rendez-vous avec Haluna, mais je préfère ne pas te le dire. Je me doute bien que tu ne nous trahiras pas, mentit-il, mais même sous la torture un homme ne dévoile pas ce qu’il ignore.

Al Quraysh partit d’un grand éclat de rire postillonnant.

— C’est bien vrai ! Bien vrai … Dommage que vous deviez quitter la ville, j’ai toujours eu plaisir à ...

... travailler avec vous. J’aurais eu probablement plus de plaisir si j’avais eu de temps en temps l’occasion de traiter avec Haluna, mais… commença-t-il avec un sourire pervers.
— Le quartier n’est pas sûr pour elle, coupa Eredur. Et elle comme moi, on a toujours préféré éviter qu’elle se retrouve vendue à un bordel d’Aquoura.

Le vieil homme prit l’air offusqué.

— Tu ne penses tout de même pas que j’aurais pu faire une chose pareille ! Un si joli petit oiseau… ce serait idiot de le vendre alors qu’on pourrait le garder en cage chez soi.

Eredur soupira. Malgré le ton humoristique, il savait que son interlocuteur aurait été tout à fait capable de faire ce qu’il disait. Il préféra mettre un terme à la discussion en détachant le collier de son cou pour le déposer sur la table basse entre eux deux. Al Quraysh resta un moment à observer l’objet avec une expression telle qu’on aurait pu croire que le bijou était une vipère, puis il l’attrapa d’un geste vif et l’enfouit dans sa poche.

— Beau boulot, beau boulot. Je le ferai passer à mon commanditaire.

Le jeune guerrier resta immobile, ses yeux bleus fixés dans ceux du vieillard, qui s’exclama :

— Ah, oui, j’allais oublier !

Il sortit un trousseau de clés de sa poche et se mit à les compter, en s’arrêtant plusieurs fois pour repartir dans l’autre sens, avant de s’arrêter sur une qu’il détacha de l’anneau et tendit à son partenaire commercial. Eredur prit l’objet et constata qu’une adresse était gravée sur le côté. Il ...