Rébellion
Datte: 23/11/2019,
Catégories:
nonéro,
sf,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... de vie semblait en tout point semblable. Il travaillait dans la même boîte, avec les mêmes collègues. Il était toujours célibataire (il évitait de se définir comme un « vieux garçon », expression par trop déprimante !) et n’était ni plus riche, ni plus pauvre. Son intérieur demeurait quasi inchangé, en dehors de quelques variations imperceptibles.
Cependant, par une bizarrerie tout aussi extraordinaire qu’inexplicable, il était devenu le sosie d’un acteur dont personne ne semblait avoir entendu parler. Son entourage, dans cet univers-ci, lui avait toujours connu cette tête-là ; il ne lui serait donc d’aucun secours pour affronter cette épreuve. S’il se risquait à faire allusion à sa stupéfiante transformation physique, il se pouvait même qu’il finisse ses jours à l’asile !
Pichon avait beau réfléchir, il ne voyait que trois issues à son calvaire :
Primo : prier le ciel pour que le phénomène soit réversible, en espérant se réveiller un beau matin dans son monde habituel, avec des traits normaux.
Deuzio : se faire opérer par un chirurgien plasticien de génie, afin de reprendre son apparence antérieure sans attendre. Il y aurait encore le problème de sa voix, à laquelle il lui faudrait bien s’habituer.
Troizio : en finir avec la vie. Le suicide pouvait lui épargner cet état insupportable.
Il y réfléchit un moment. Le problème avec la chirurgie, c’était la dose de courage nécessaire pour se lancer. Pichon se sentit incapable d’endurer de telles souffrances. ...
... Sans compter qu’il lui faudrait trouver une explication pour justifier cette mesure drastique auprès de ses proches. Et comment affronter ensuite le regard de sa vieille mère ? Quant à la dernière alternative, outre qu’elle présentait à peu près les mêmes inconvénients, elle lui semblait un peu trop… définitive ! Il lui restait, néanmoins, la première issue.
Le choc psychologique qu’il avait subi la veille l’avait complètement anéanti ; il fit donc ce que l’on fait, quand on est trop harassé pour combattre une réalité dérangeante : il se résigna… Il lui fallait accepter – au moins pour un temps – cette situation invraisemblable ? Eh bien soit !
Pour mieux faire passer l’amère potion, Pichon eut recours à la bonne vieille méthode consistant à se laisser aller à un optimisme aussi soudain qu’excessif : Après tout, c’est moins grave qu’un cancer, non ? Moi qui ai toujours regretté mon existence plate, sans relief, voilà qu’il m’arrive enfin quelque chose d’extraordinaire !, se disait-il, tout en savourant l’apaisement artificiel qui découlait de son attitude bravache.
Enchanté par sa capacité à reprendre pied face à une adversité aussi sournoise, Pichon s’octroya un petit-déjeuner dominical revigorant à base de café chaud et de croissants congelés. Alors qu’il mâchonnait avec l’indolence d’une vache normande sa viennoiserie industrielle un peu pâteuse, une idée brillante lui vint. C’était évident : il lui fallait ré – a – gir ! Prendre les devants, contre-attaquer, ne pas ...