Lutte des classes - Histoires de Sexe

Lutte des classes

... pu m’empêcher d’afficher un large sourire, regardant le contrôleur qui commençait à s’impatienter.

— Je… Je ne comprends pas, je ne trouve pas mon portefeuille ni mon billet. Je suis pourtant sûre de les avoir mis dans mon sac… Oh mon dieu ! On a dû me les voler tout à l’heure, à la brasserie de la gare. Écoutez, mon ami m’attend à Nice. Il pourra vous régler le prix du billet lorsque nous serons arrivés.
— Je crains que ce ne soit pas possible, madame. Si vous ne pouvez pas me fournir un titre de transport ni vous en payer un, je serai obligé de vous faire descendre au prochain arrêt.
— Quoi ? Mais on m’attend à Nice, je vous dis. Vous n’allez quand même pas m’abandonner en pleine cambrousse, en pleine nuit et sans un franc ?
— Désolé ma petite dame, mais le règlement est le règlement. Le prochain arrêt est dans moins de trente minutes, vous feriez bien de commencer à ranger vos affaires. À tout à l’heure.

À présent, c’est moi qui l’ignorais aussi superbement qu’elle m’avait ignoré quelques minutes plus tôt. Elle regardait nerveusement par la fenêtre, puis dans son sac, puis dans ma direction, espérant que je finisse enfin par m’inquiéter de son sort. Mais, je n’avais aucune intention de voler à son secours, du moins pas avant qu’elle ne s’abaisse à me le demander.

— Excusez-moi ?
— … C’est à moi que vous parlez ?
— Mais oui, bien sûr ! Je ne crois pas qu’il y ait quelqu’un d’autre dans ce compartiment !

Et il est clair qu’elle le regrettait. Elle aurait été ...

... bien moins embarrassée si elle avait dû quémander un service auprès d’un ou d’une voyageuse que l’on retrouve habituellement en première plutôt qu’à un étudiant chevelu et mal rasé. Mais, ce n’était pas mon problème et je me contentais de la regarder comme si je ne comprenais pas ce qu’elle me voulait.

— Écoutez, j’ai vraiment besoin d’être à Nice demain matin. Je vous rembourserai le double du prix du billet dès que j’aurai retrouvé mon ami.
— Oh vous savez, je n’attache pas beaucoup d’importance à l’argent. Il y a des choses bien plus importantes dans la vie…
— Oui, enfin, peut-être, mais pour l’instant, je n’ai rien d’autre à vous offrir.
— Vous en êtes sûre ?

Elle m’a d’abord lancé un regard surpris, comme s’il lui avait fallu près d’une seconde pour comprendre le sens de mes paroles. Puis son visage a viré au rouge et ses grands yeux bruns se sont brusquement éclairés pour se mettre à briller d’un regard assassin.

— Vous êtes fou ma parole. Pour qui me prenez-vous ? Si vous osez ne fusse que me toucher, je vous fais arrêter pour tentative de viol. C’est clair ?
— Je ne vois pas de quoi vous parlez. Pour ma part, je faisais référence à la politesse, l’amabilité, la gentillesse, la générosité, autant de valeurs que vous n’êtes visiblement pas en mesure d’offrir. Mais rassurez-vous, je n’ai pas du tout l’intention de vous violer, à moins que vous me le demandiez gentiment bien sûr…

J’ai fait semblant de me replonger dans la lecture de mon roman, la laissant ...