1. Rencontre au sommet (3)


    Datte: 05/11/2019, Catégories: Divers, Auteur: Doogy Woogy, Source: Xstory

    ... travailler à Saint-Etienne, j’avais préféré l’inverse. J’avoue une propension certaine à ne pas vouloir faire comme les autres.
    
    Jusque là, pour s’occuper de mes enfants lorsque je partais travailler, la fille d’une voisine venait prendre la relève pour les réveiller, leur préparer le petit-déjeuner et les mener à l’école. Étudiante en médecine, l’année qui s’annonçait à la rentrée prochaine serait particulièrement ardue, jalonnée d’examens, et donc de révisions primordiales pour la suite de ses études. En conséquence, il me fallait trouver une remplaçante, ou faire moi-même le job. En venant travailler à Saint-Etienne, j’avais le parfait timing pour cela. Il n’en restait pas moins un obstacle de taille : une grosse réticence à exercer le boulot de facteur en ville. Ce n’était pas juste un caprice ; j’avais eu l’occasion de tester la chose en région parisienne lors de mes débuts officiels dans le métier, soit presque une vingtaine d’années auparavant. Et cela ne m’enchantait guère, à vrai dire.
    
    C’est peut-être un détail pour vous, mais qui pour moi veut dire beaucoup… un détail vint donc mettre fin au dilemme. Alors qu’après ma journée de travail qui avait été éprouvante, en retournant chez moi, j’ai passé le dernier feu rouge les yeux fermés. Non pas par défi : je m’étais tout bêtement endormi durant quelques dixièmes de secondes tout au plus. Heureusement, aucun piéton n’avait emprunté le passage leur étant réservé, et aucune voiture n’avait déboulé au ...
    ... croisement.
    
    Fort de cet enseignement à peu de frais, je m’empressai de signer mon changement d’affectation. Je gagnais ainsi une heure de sommeil : une bonne vingtaine de minutes de trajet – qui comptait double puisque c’était à l’extérieur, mais surtout parce que j’économisais sur la tension et l’attention nécessaires particulièrement en hiver – et au lieu de commencer à 7 h, la prise de service se faisait à 7 h 35. Et, cerise sur le gâteau, mon budget essence se réduisait en conséquence.
    
    La description idyllique sur le papier fut par contre rapidement mise à mal dans la réalité. Au lieu d’avoir une tournée que je connaissais sur le bout des doigts, je galérais à en apprendre tout un tas d’autres et, au lieu de me faire traîner par la voiture jaune, il me fallait pousser le caddy rempli à ras-bord, et qui parfois même dégueulait. J’accumulais les heures sup’, et au bout de six mois je commençais à douter que mon choix avait été judicieux.
    
    À partir de Noël, les arrêts maladie s’enchaînèrent. Les douleurs au niveau du genou gauche se succédaient presque sans relâche, à tel point que je me demandais si elles n’étaient pas d’origine somatique : ce problème au genou était certainement la matérialisation de mon ras-le-bol généralisé. Je m’enlisais. J’avais envie de tout envoyer paître.
    
    C’est certainement mon inconscient qui a guidé mon choix lorsque je suis allé au cinéma voirLes chemins de la liberté, un film qui relate l’histoire (réelle) d’un groupe d’hommes, échappés d’un goulag ...
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