La part de l'ombre - Histoires de Sexe

La part de l'ombre

... guidera.
— Je vous interdis d’user de magie si vous l’aimez. La magie peut la tuer dans l’état de choc où elle est.

Louis fixa Pauvert avec colère :

— Vous ne vous rendez pas compte que Claire est sous l’emprise d’un maléfice ?
— Vous délirez, Bergheaud. Votre fiancée est simplement dans une phase émotionnelle difficile. Comme tous ceux qui ont vécu des traumatismes dans des conditions extrêmes.
— Sans vouloir vous fâcher, un choc traumatisant n’entraînerait pas un évanouissement avec ce genre de torpeur, inspecteur, risqua Charpin. Mon frère qui est médecin vous le dirait.
— Vous voyez !

C’en fut trop pour Pauvert. Ce désaveu public au sortir d’une journée particulièrement mouvementée le faisait sortir de ses gonds. Excédé, il s’exclama :

— Bergheaud, vous ne pouvez pas la soigner. Il lui faut un médecin sinon elle risque de s’enfoncer dans le coma. Je vous en prie…

Mais Louis était têtu.

— Plutôt que de raconter des bêtises, inspecteur, allez donc surveiller la soupe qui est en train de bouillir à trente-six bouillons sur le fourneau et passez moi l’alcool de verveine qui est sur le buffet.
— Vous voulez lui faire boire de l’alcool dans l’état où elle est ?
— Je vais la frictionner avec. Si la tisane de verveine m’a guéri, alors une friction de la même plante doit pouvoir faire quelque chose pour elle.

Le père Bideau sourit d’un air entendu :

— Ça, c’est une bonne idée, mon garçon.

Pauvert soupira et, tendant la bouteille d’alcool à ...

... Louis d’un air dubitatif :

— Vous êtes sûr ?

Le père Bideau répliqua :

— Sûr et certain que ça marche. J’en ai fait l’expérience sur moi quand j’ai perdu mon épouse. Alors vous pouvez faire confiance à Louis, c’est sans danger.

Le luthier remercia le vieil homme d’un regard ému et s’empara d’un torchon qu’il imbiba d’alcool. Puis il frotta vigoureusement le front, les tempes, le cou, les bras et les mains de Claire.

Le remède était efficace. Bientôt la jeune fille remua et ouvrit les yeux. Louis sourit.

— Je le savais… Ma chérie, comment te sens-tu ?
— Je… me sens… bizarre.
— On le serait à moins, intervint Cabet, vous vous êtes évanouie quasiment dans mes bras. Heureusement que je venais vous rejoindre pour le dîner : j’ai eu juste le temps d’empêcher que votre tête heurte les dalles. Vous auriez pu vous faire très mal.
— Je vous remercie.
— Remerciez surtout votre fiancé. C’est lui qui vous a ramenée parmi nous.

Pauvert, délaissant la soupe qu’il venait de remuer, s’agenouilla près de Claire :

— Est-ce que vous vous rappelez ce qui s’est passé juste avant que vous tombiez ?
— Oui… une sensation de malaise terrible, comme lorsque le sorcier m’avait fait boire son breuvage et puis…

Elle saisit son pendentif convulsivement avant d’ajouter :

— Et puis… mon médaillon… il a jeté une lumière… On aurait dit qu’il y avait du sang sur le mur.
— Vous êtes sûre ?
— Oui… c’était… comme un avertissement. Mais quand j’ai voulu prévenir Louis, tout s’est ...