1. Les habits de l'empereur


    Datte: 17/12/2025, Catégories: #sciencefiction, #fantastique, Auteur: Pitziputz, Source: Revebebe

    ... doux qu’un nuage, Juliette se faisait piétiner les pieds par un colosse encore moins bien loti qu’elle.
    
    Ce gros lot, au fond, elle s’en fichait. Elle voulait juste en tirer un bon prix pour pouvoir survivre. Elle était privée de tout depuis si longtemps… La dernière fonction qui l’avait lâchée était sa vibrintense, la réduisant à une recette de grand-mère… les doigts !
    
    Tout en tâchant de se hisser sur la pointe des pieds, Juliette se répétait mentalement la série de chiffres et de lettres du code qu’elle espérait gagnant. Depuis l’abrogation des instruments d’écriture, celui qui ne possédait pas la fonction idoine devait faire appel à une mémoire depuis longtemps atrophiée. Elle haussa les épaules :« dans les temps anciens, ils y arrivaient bien, non ! »
    
    Comme à l’intérieur les lumières s’éteignaient, une vague de froid glacial envahit l’espace à l’instant même où le premier mannequin fit son apparition au bout d’un rail, glissant vers l’assistance dans le son rauque d’une lame griffant de la neige. Il portait un vêtement d’indifférence, bleuté si on le regardait de face et presque translucide par les autres côtés.
    
    Bien que l’on ne vît pas le visage du jeune homme, personne ne doutait de son détachement le plus intense.
    
    À l’extérieur, Juliette, maintenant les seins et les fesses aplatis, tentait de se hisser sur ce qui lui restait d’orteils pour voir l’un des écrans géants égrener les minutes qui la séparaient du tirage de cette loterie unique.
    
    À ...
    ... l’intérieur, l’atmosphère se réchauffait un peu, mais à peine, lorsque le mannequin suivant, manifestement androïde, présenta la veste de la tristesse. Légèrement vert, le vêtement suintait un désespoir si profond que Cécilia, comme sa voisine d’ailleurs, ne purent retenir quelques larmes. Elle avait beau savoir que depuis plusieurs années, conventionnellement les émotions les plus négatives étaient présentées en premier, elle succombait à chaque fois.
    
    À l’extérieur, les larmes que Juliette versait étaient de douleur, une douleur bien physique en haut de la cuisse, résultat d’un coup de genou bien senti. La combinaison de son agresseur, d’un rouge noir intense, témoignait de son regret, et du coup Juliette lui adressa un sourire rassurant qu’il ne vit pas puisque son costume ne fonctionnait pas.
    
    « C’est quand même drôlement pratique de voir les émotions des autres » se dit Juliette, tout en savourant le fait de cacher les siennes.
    
    Elle réajusta son masque intégral sur son visage.« Nul besoin de toutes ces nuances : La joie, la tristesse, la colère, l’amour, l’embarras. Le set de base en somme ». Elle aura aussi assez pour s’offrir de la maintenance et même une combinaison de secours en cas de panne.
    
    Tandis que Juliette se faisait cette réflexion, à l’intérieur du hangar maintenant surchauffé, les spectateurs en extase étaient mûrs, après avoir vu la joie simple, la joie intense et l’amour bien sûr, pour la présentation du dernier vêtement, celui dont les tabloïdes disaient ...