1. L'épicerie de la mère Meschpleck


    Datte: 10/12/2025, Catégories: Humour #nonérotique, #nostalgie, Auteur: Melle Mélina, Source: Revebebe

    J’avais 8 ans, quelques dents, j’étais la seule nana de la bande de creutches1. P’tit boy ne voulait pas de moi au début, il pensait que j’étais une pleureuse mais quand il a pris un malabar en pleine gamelle, il a revu sa copie. D’ailleurs, Boont’che et Streulekaepe s’étaient bien foutus de sa tronche !
    
    — Tu t’es fait Bostekop2 par Mouette !
    
    Mouette, c’est comme ça qu’ils m’avaient appelée. C’était trop la honte pour P’tit Boy qu’une côotche3 lui fiche une trempe.
    
    Évidemment, il ne pouvait pas en rester là, alors il nous a volé dans les plumes, on s’est démerlés dans une baston pas piquée des vers de hanneton ! Et c’est comme ça qu’on est devenus les meilleurs amis du monde de la rue.
    
    Je me souviens que je rentrais régulièrement tout craspeck4 avec des bullekops5 et des bleuzes6, ma nountche7 n’arrêtait pas d’m’engueuler.
    
    — God Verdomme !, D’où deske que t’as été chôlée encore ? T’es noire comme croïe !8
    
    J’lui expliquais qu’on avait été dans les caves des glacis à la recherche de Belphégor ou alors, on jouait dans les blockhaus à se jeter des pétards ou des bombes à eau…
    
    Quand j’passais par chez le boucher, il m’offrait toujours du Craquelot9ou un morceau de saucisson de cheval et s’il me restait un ‘p ‘tit sou, j’le partageais avec les trois zigomars.
    
    — Eh les karkernesches !10 J’ai quoi ach’ter un paquet de specks11 chez la sorcière !
    
    La sorcière, c’était la mère Meschpleck12 – elle s’appelait pas comme ça, c’était méchant de l’appeler comme ...
    ... ça – surtout qu’elle était gentille, elle nous laissait des clecks pas possible et elle ne disait jamais rien.
    
    Mais c’était rare de trouver des radis, nous, on r’gardait bien au sol, on espérait trouver une p’tite piécette… mais on restait le plus souvent en rak13, cadeules14 sur le trottoir, alors on partait voir le curé et s’il n’ voulait pas nous aider dans not’ quête du Graal, on piquait l’argent des fidèles dans les corbeilles. J’suis sûre qu’il le savait mais ça le faisait sourire…
    
    On n’avait pas l’droit d’aller à la pistoche, mais c’est pô grave, on y allait quand même. Le problème résidait à camucher15 nos bêtises, j’cachais mon maillot de bain complètement natche16 dans mon sac mais comme il refusait de sécher, je me faisais toujours prendre.
    
    Moudre était ouredeule17, et je me prenais une rouste avant d’être enfermée dans le kot’che18.
    
    Quand c’était pas la piscine, on allait nager dans le canal exutoire ou directement à la mer. Le plus dur était ce maudit sable, quand je rentrais, c’était pire que les galets du p’tit Poucet, on pouvait me suivre à la trace. J’en avais plein les chaussures, j’en avais même dans la culotte, ça m’grattait comme du poil.
    
    C’est Streulekaepe qui m’a soufflé l’idée de l’balancer sur la tête des Lillois, il avait toujours plein de bonnes idées.
    
    Jusqu’au jour où un de ces pénelécres19 est v’nu sonner chez moi pour se plaindre, du sable plein ses cheveux.
    
    Moudre était ouredeule, et je me suis pris une rouste avant d’être ...
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