1. Aparté


    Datte: 18/09/2019, Catégories: hh, hplusag, campagne, Voyeur / Exhib / Nudisme Oral hdanus, Auteur: Domi Dupon, Source: Revebebe

    ... qui séparaient le village de l’autoroute dans un brouillard total (au propre comme au figuré).
    
    Fini le deuxième croissant, fini le Coke. Toujours aussi nauséeux.
    
    Sans doute j’étais amoureux ; justement il fallait que je fuie. De la lâcheté, et alors ? J’allais pas à…
    
    Le vibreur de mon portable me tire de mes amères réflexions. Qui peut m’appeler ? Pas mon boss, c’est vraiment pas le moment.
    
    — Sébastien ?
    
    Je reconnais immédiatement sa voix. Comment a-t-il eu mon numéro ? J’ai une hésitation. Raccrocher ! Non, ma lâcheté a des limites.
    
    — Oui, c’est moi.
    — Quand je me suis réveillé, tu n’étais pas là ?
    — …
    — Tu es parti pour de vrai ?
    — Oui.
    — Tu… Tu ne vas pas revenir ?
    — Je ne crois pas.
    
    Silence radio. J. C. assimile ma réponse, comprend ce qui se cache derrière les mots.
    
    — Tu… Tu… Tu ne reviendras plus, c’est ça.
    — C’est ça.
    
    Un long silence puis d’une voix chavirée :
    
    — Pourquoi ? J’ai cru… C’était super nous… Ta tendresse, c’était pas du pipeau…
    — Non ! Non ! J’étais sincère. Mais c’est trop compliqué !
    — Compliqué ? Parce que je suis un homme ?
    — Ça je n’en ai rien à foutre.
    — T’as peur de mon père ? De perdre ton boulot ?
    — Ça aussi je m’en tape.
    — Parce que je suis qu’un gamin ?
    — Non, au contraire.
    — Tu as peur que je tombe amoureux de toi ? Ou toi, de tomber amoureux.
    
    Une seconde, je suis ...
    ... tenté de lui demander s’il est tombé amoureux… une seconde seulement, j’ai trop peur de la réponse.
    
    — Amoureux de toi, soupiré-je, je le suis déjà.
    
    Il reprend du poil de la bête. Sa voix se raffermit.
    
    — Alors pourquoi ? J’comprends pas.
    — Y’a rien à comprendre. C’est trop compliqué, c’est tout.
    
    Je ne trouve rien d’autre à dire. Que lui dire d’ailleurs ? Que je suis mort de trouille. Que pour la première fois à cinquante balais, mon cœur est sens dessus dessous. Que je ne veux pas entrer dans une « embrouille » que j’ai fuie toute ma vie. À quoi bon !
    
    Je laisse le silence se prolonger. Il comprend qu’il ne tirera rien de plus de moi.
    
    — Ok, je ne veux pas te forcer la main. Juste deux choses : moi aussi je le suis. Tu as mon numéro sur ton portable, enregistre-le et si… non, quand tu auras envie appelle-moi.
    
    Et il raccroche. Je fourre rageusement mon portable dans ma poche. Il va attendre longtemps. Je jette la bouteille de Coke à la poubelle la plus proche et je retourne vers ma voiture.
    
    Je m’y installe, attache ma ceinture, mets le contact, le recoupe aussitôt. Je sors mon téléphone et enregistre le numéro de Jean-Charles dans mon répertoire. Je suis déjà beaucoup moins sûr de ne pas l’appeler.
    
    Encore une fois merci à Lysdoran pour ses relectures, ses corrections et ses suggestions.Mais que ferais-je sans elle ? 
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