Pour ma fille - Histoires de Sexe

Pour ma fille

... cheveux mi-longs bouclés, la peau mate, de grands yeux noirs, des lèvres épaisses, une barbe de trois jours et un nez de boxeur. Il dégage une virilité animale. Il me dévisage longuement, aspire une longue bouffée de son joint, me souffle la fumée sur le visage. Je ne réagis pas.

— Bon, suis-moi dit-il en sortant sans se retourner.

J’obtempère, sous les regards égrillards des autres. Nous descendons d’un étage, et pénétrons dans une petite pièce éclairée d’une seule ampoule nue ; dans un coin gît un sommier avachi recouvert d’une couverture crasseuse. Il se retourne vers moi et m’enveloppe à nouveau d’un long regard mi-hostile, mi-curieux. Je suis nerveuse, j’ai l’impression qu’il me domine, bien que j’aie près de vingt ans de plus que lui.

— Elle est vraiment pas mal, la maman de Léa !

Je feins d’ignorer ce qui pour lui doit être un compliment et me lance :

— Voilà, je voulais vous dire que Léa, depuis quelque temps, a considérablement changé. Ses résultats scolaires sont très mauvais, elle est devenue colérique et agressive, je ne la reconnais plus… Je pense que c’est à cause de vous…

Un sourire ironique allume son beau visage. Il me dit, d’une voix grave aux accents banlieusards :

— C’est chouette, une jolie maman qui protège sa pauvre petite fille ! Mais je n’y suis pour rien, si votre fille refuse les études. Je suis pas là pour assurer les résultats scolaires de gosses de riches de Saint-Cloud ! En plus, elle n’est plusvraiment avec moi, comme tu ...

... le dis, depuis un mois…
— Vous ne la voyez plus ?
— Si, de temps en temps. Elle vient s’approvisionner ; et elle aime bien rester un moment avec moi… Toutes les filles sont comme ça avec moi, après. Elles ne savent pas rompre, elles en veulent encore…
— Vous la fournissez en cannabis ?
— Ce n’est pas ton affaire, elle est majeure !
— Non, pas encore. Karim, je vous en supplie, il faut que vous arrêtiez de la voir.
— Hum, et qu’est-ce que j’y gagne, moi ?
— Euh… je ferai tout ce que vous voudrez, si vous tenez parole.

Il inspire une longue bouffée de sa cigarette, me fixe droit dans les yeux et répond :

— Tout, vraiment ?

Je rougis, réalisant que je me suis dangereusement engagée dans de troubles promesses… Karim me regarde longuement, semble réfléchir. Je lui fais, malgré ma nervosité, mon plus beau sourire. Je devine poindre une lueur d’intérêt dans ses beaux yeux noirs.

— Bon, reviens dans quelques jours, on verra ça… Donne-moi ton numéro de portable. Je t’appelle.

Je regagne ma voiture l’esprit confus. J’ai pu enfin nouer le contact avec le bourreau de ma fille. Me tutoyant d’entrée, il n’a pas rejeté ma demande. Il ne l’a pas acceptée non plus, et je me demande dans quelle voie je me suis compromise, de ce qu’il a pu penser du mot « tout »…

Chaque soir, j’essaie de renouer le contact avec Léa. Si elle est moins agressive que les mois précédents, je la trouve aussi plus triste. Sa semi-rupture doit la rendre mélancolique. J’insiste sur l’importance ...