Sarah, le paradoxe
Datte: 07/09/2019,
Catégories:
fh,
cérébral,
pénétratio,
Auteur: Francesco, Source: Revebebe
Voilà plus d’un an que j’ai rencontré Sarah dans une petite ville du sud de la France. Elle m’a tapé dans l’œil avec sa silhouette sculpturale. L’essence même de la femme mère comme on en voit dans les films de Fellini. Elle respire la vie et c’est en tout bien tout honneur que je la compare à un animal. Ce serait une jument couverte de sueur, attendant stoïquement la couverture et le confort du box après une longue course contre la vie. Un pur sang avec ses jambes interminables qui supportent une croupe majestueuse, une croupe à damner un saint et des seins justement, en veux-tu en voilà. Le plus fascinant est sa crinière ondulante à souhait, soutenant ce regard vif de femme qui dévore la vie comme à la veille de l’Apocalypse.
C’était à un vernissage, elle exposait ses œuvres pour des bouseux qui n’étaient là que pour le vin et la bouffe que l’on propose dans ces circonstances. Comment une battante comme elle en est-elle arrivée là ? Comment cette bête de concours s’est échouée parmi les incrédules, les novices et les hypocrites ? C’est clair, la majeure partie se fout de son art, toute l’assistance est là pour croquer le fruit défendu. Quatre-vingts pour cent de mecs plus bidons les uns que les autres, les vingt pour cent restant sont des épouses et des compagnes aux aguets, surveillant leurs hommes comme des rapaces apeurés. Et moi dans tout ça, suis-je bien différent ?
On nous présente, ça se passe plutôt bien. En un regard et quelques phrases, elle sait que je ...
... sais. Elle sait que ce soir, c’est elle l’atome et que je ne suis qu’un électron qui gravite autour d’elle. Elle a l’habitude, rien de nouveau pour elle. Cependant, un élément joue en ma faveur : j’appartiens à une autre sphère, tout aussi complexe que la sienne.
Maintenant, je recherche la fusion.
Plus d’une année s’écoule avec ses joies et ses drames, elle de son côté, moi du mien. Quand on se revoit, c’est l’été, le soleil reprend ses droits et réchauffe nos nuques endolories. Les circonstances ont bien changé, ma jument est en chute libre : un mec jaloux à l’excès, des problèmes d’argent, et surtout le regard pesant d’une petite ville ou tout se sait très vite, trop vite.
Dans toute sa superbe et drapée de son honneur, elle transmet tout ce qu’elle a de précieux à son enfant chérie. Elle joint tant bien que mal les deux bouts en bossant comme cuisinière dans une baraque à frites au bord de la plage. Il n’y a pas de sot métier, elle met tout son cœur à l’ouvrage et regorge d’idées pour attirer la clientèle. Tout ce qu’elle touche se transforme en or et sa cuisine ravit autant que ses sculptures. Elle aime le travail bien fait. Comme tout artiste, elle cherche la reconnaissance et elle l’obtient par tous les moyens, peu importe le domaine, c’est inéluctable.
Petit à petit on s’apprivoise, on se sent, on se désire. L’humour et la complicité y font beaucoup. D’autres choses nous rapprochent, le fait que je sois artiste aussi notamment. Après de longues journées à ...