La cité perdue - Histoires de Sexe

La cité perdue

... seins semblaient prêts à lui sauter au visage tant elle avait le cœur battant. Oui, vraiment, un joli petit bout de femme.

— OK, Miss, calmons-nous et reprenons les choses ensemble, voulez-vous ? Le problème, ce n’est pas seulement ce que nous venons d’évoquer. Ce coin est tabou, vous comprenez ? Tabou ! Je vous le répète : aucun de mes gars ne montera là-haut.
— Vous n’allez pas me dire que vous prêtez foi à ces vieilles légendes ? Ce sont des mythes !
— Vous croyez ? Durant toute la guerre civile, cette montagne est restée en dehors de la zone contrôlée par les rebelles. Personne, vous m’entendez, personne ne s’y est risqué. Enfin, presque…
— C’est-à-dire ?
— Il y a eu des rumeurs selon lesquelles des trafiquants de drogue auraient voulu installer des labos dans les collines. Ils pensaient y être tranquilles ; ils ne sont jamais revenus. Ils ont disparu sans crier gare ; ça n’a pas dérangé les autorités. Les gens d’ici pensent que l’endroit est sacré, protégé par les dieux et les esprits des ancêtres. Pourquoi diable tenez-vous à y aller ?
— J’ai mes raisons.
— Ma petite dame, il va falloir être plus loquace.
— J’ai consulté des documents d’expéditions, rédigés entre la fin du XIXème et les années 1920. Et j’ai trouvé des choses étranges. Il y a, en particulier, le récit d’un missionnaire qui évoque une cité dans les montagnes, cachée par la forêt.
— Dans cette partie du pays? Vous plaisantez ! Le long du fleuve, il n’y a que des tribus de chasseurs nomades. ...

... Et plus haut, c’est la jungle.
— C’est bien pour cela que je veux y aller. Ce serait une découverte fabuleuse ; un nouveau Machu Picchu. En Afrique.
— Et c’est tout ? Pas de trésor ? D’or ou de mines de diamants ? Vous êtes une sacrée naïve…

Il éclata d’un rire tonitruant, inextinguible, ses larges mains posées sur l’estomac. Il en avait les larmes aux yeux, sa grande carcasse secouée et ballotée par cette crise de bonne humeur inattendue. Elle restait impassible, pâle et crispée. Elle le fusilla du regard.

— Vous connaissez la cryptozoologie ?

La question qu’elle avait posée ne l’étonna guère ; il essaya de reprendre son sérieux.

— Cela va vous surprendre, mais oui, je connais. Des farfelus qui traquent des animaux imaginaires. On en a déjà vus par ici avant la guerre ; j’ai même guidé une expédition qui cherchait le Mokélé-Mbembé, le dragon du fleuve. Et connaissez-vous le Koq-Nindji, le lion des montagnes, un félin à dents de sabre ? Ils n’ont jamais rien trouvé, bien sûr. Et vous pensez avoir plus de succès ?
— Eh bien, le rapport de ce missionnaire belge évoque des créatures diaboliques qui gardent les entrées de la montagne et terrorisent les indigènes.
— Un missionnaire belge… Je ne voudrais pas faire de mauvais humour, mais si c’est une blague…
— Je suis sérieuse. Son récit est très documenté. Il y a eu quelque chose là-haut jadis, et elle s’y trouve peut-être toujours. Quelque chose de suffisamment effrayant pour marquer la mémoire des populations ...