1. Le parc, dans la ville


    Datte: 04/09/2019, Catégories: fh, jeunes, bizarre, jardin, pénétratio, confession, portrait, occasion, lieuxpubl, Auteur: Just, Source: Revebebe

    ... ville dans laquelle le moindre changement de température peut faire changer l’ambiance du tout au tout ; et il faisait terriblement chaud. Une chaleur torride, pour ainsi dire. En temps normal, je n’aime pas la chaleur ; on se sent obligé de sortir, et, dans le fond, je crois que je suis quelqu’un d’assez sédentaire. D’ailleurs, s’il n’avait pas fait si chaud, je ne serais jamais sorti de chez moi aujourd’hui.
    
    Or donc, j’erre maintenant dans les rues. J’aime particulièrement les rues. Je ne pourrais pas vivre à la campagne. J’ai un côté un peu voyeur, vous savez : tous ces gens qui déambulent, qui semblent si pressés, qui s’épongent le front d’un air soucieux… De les regarder comme ça, ça me donnerait presque envie d’être plus actif. Mais bon, les regarder suffit à mon bonheur. Je vis par procuration. Pourquoi se fatiguer à vivre, alors qu’il suffit d’observer ce que vivent les autres ? Depuis quelques années, c’est ce que je me dis sans cesse. Ça rend la vie plus vivable.
    
    Je parlais tout à l’heure d’ambiance ; eh bien, il régnait dans la ville un genre d’immense torpeur. Les parcs et les pelouses étaient surchargés, bondés, comme si le simple fait de toucher au naturel dans une grande ville allait faire disparaître sa complexité. Il s’est alors imposé à moi le besoin de suivre ces gens, de faire comme cette masse, et, moi aussi, je me suis mis en quête d’un coin de verdure. Il y avait près de chez moi une petite cour ombragée, très appréciée des couples pour son ...
    ... éloignement et sa fraîcheur. En voyant ces jeunes gens, beaux, accomplis, aimants, je n’ai pas pu m’empêcher de me sentir profondément seul ; je me suis cherché une partenaire.
    
    Je l’ai attendue. Il n’est pas dans ma nature de provoquer les choses, alors j’ai patienté. Au bout de trois heures, une jeune femme est arrivée. À première vue, je lui aurais donné une vingtaine d’années. Menue, pas très grande, de beaux cheveux châtains qui tombaient sur ses épaules, retenus par un petit foulard blanc, et des lèvres pulpeuses. Elle est venue avec un livre, et une nappe à carreaux ; elle s’est mise à lire le premier en s’asseyant sur la seconde. Elle portait un joli chemisier assorti au foulard, ainsi qu’une jupe à fleurs, de celles qui reviennent à la mode. Je me suis décidé : c’était bien elle que j’attendais. Et il est probable qu’elle soit venue pour moi.
    
    Je me suis installé à côté d’elle, et nous nous sommes regardés. D’un geste discret, elle a ouvert un bouton de son chemisier. Un bon choix : sans ce bouton, elle eût semblé prude. En en ouvrant un second, elle aurait eu l’air vulgaire. Certaines femmes sont particulièrement douées à ce petit jeu. Je l’ai serrée dans mes bras, elle s’est blottie tout contre moi, et, ensemble, nous nous sommes sentis bien.
    
    Nous sommes restés ainsi longtemps ; j’aurais voulu profiter de son corps si frais, tout contre moi, pour l’éternité. Autour de nous, les couples commençaient à s’agiter : il se faisait tard, et il ne resta bientôt plus dans ...