Quarante textes sur la laideur et autres féroces amusements
Datte: 28/08/2019,
Catégories:
bizarre,
laid(e)s,
collection,
humilié(e),
nonéro,
exercice,
portrait,
Auteur: Raphaël Zacharie de Izarra, Source: Revebebe
... vos arguments éhontés me montent à la tête. Je suis d’autant plus sensible à vos raisons que je suis effectivement bien laide, et fort riche. J’ai tout à gagner à partager la fortune de mon père avec un compagnon aussi conciliant. Je vous accorde le droit d’accéder à ma dot en échange de votre fidélité à cet hymen si peu accoutumé aux courtisans. Flattez-le bien Monsieur, et vous n’aurez point à le regretter puisque j’acquiesce de tout cœur à vos avances : ma dot contre votre flamme.
Plus que toutes autres femmes, les bigotes abstinentes aiment se donner du plaisir. Enhardies par la honte, excitées par l’effroi des feux infernaux, elles s’adonnent sans retenue à d’inavouables passions charnelles. Entre les bigotes et la vertu, c’est une grande, une brûlante, une pitoyable histoire : la haine.
Les bigotes décaties portent des masques de toute beauté, des dessous honnêtes, chastes, s’enroulent des chapelets rutilants autour de leurs doigts gracieux. Elles sont laides dans leurs églises, laides dans leurs maisons. Les curés peuplent leur imaginaire érotique, et les vierges en plâtre des églises sont leurs derniers garde-fou. Quant aux vierges en plastique ramenées de Lourdes, ce sont leurs petits diablotins. Indulgentes envers le péché, le Mal, les concessions et la licence la plus éhontée, elles ne supportent pas la pleine lumière.
Chez elles la pénombre est propice aux confessions des pires péchés. Leur sexualité portée en sacrifice est leur passion, un calvaire ...
... délicieux. Digne d’une procession, pensent-elles… Ce sont des vestales à la flamme absente, au cœur décharné, à la voix suraiguë qui les fait chanter si bien à la messe. Leur hypocrisie jacassière est une sorte de chef-d’œuvre balzacien. On pourra trouver délectable leur satané chignon, désirables leurs courbes diaboliques, charmants leurs crucifix comme des petits amants d’acier… Leur âme cependant brille comme une éclipse de soleil. Leur toilette est provinciale, leur cœur sec, leur chair maudite. Et leurs mœurs sont dissolues, ne nous leurrons pas.
Bref, ces misérables qui hantent les églises sont les pires dépravées de notre société.
Elle était laide, veule, riche, aimable, cruelle et rusée. Un jour je la frappais de bois vert, le lendemain je goûtais l’absinthe en sa compagnie. J’aimais sa laideur, sa lâcheté qui me la rendaient à la fois proche et détestable, franche et insidieuse. Toutefois, soucieux de préserver ma réputation de collectionneur de papillons, j’évitais de m’afficher en public avec ce cafard.
Femelle elle était, sans finesse ni artifices. Laideron à l’état brut. Riche, elle pouvait théoriquement se permettre maintes dentelles et autres fanfreluches. Avaricieuse, elle s’interdisait cependant ces dépenses futiles… En outre elle avait conscience que l’excès d’apparats n’embellirait pas davantage ses traits ingrats ni ne redresserait son dos difforme, et que cela risquerait au contraire de la ridiculiser.
Je la détestais le lundi, l’adorais le mardi, ...