1. Quarante textes sur la laideur et autres féroces amusements


    Datte: 28/08/2019, Catégories: bizarre, laid(e)s, collection, humilié(e), nonéro, exercice, portrait, Auteur: Raphaël Zacharie de Izarra, Source: Revebebe

    ... Blasé de ces mornes vénustés, il décida de séduire un laideron : la repoussante Berthe constitua sa plus odieuse idylle.
    
    Elle le charmait avec ses maladresses, sa physionomie simiesque, ses allures grotesques, ses disgrâces divertissantes, sa sottise congénitale, son hymen sans intérêt.
    
    Elle devint sa favorite. Le baron aimait s’afficher au château en si haïssable compagnie. Berthe était son bouffon. Jusqu’au jour où une fée aimable transforma le petit canard en cygne.
    
    Berthe pris son envol, quitta le baron pour aller pondre un œuf dans un nid autrement plus douillet. L’oiseau élu fut Monsieur le curé tout de noir vêtu. Un pieux bossu qui aima avec charité la belle Berthe, ex laideron.
    
    Entre temps l’œuf avait éclos. En sorti un baronnet à clochettes. On accusa le curé d’avoir engrossé la belle, anciennement laide. Il nia mollement, adopta le morveux à sonnettes et vécut longtemps avec l’argent des quêtes, la Berthe - qui avait été si peu plaisante jadis, sa bosse et le bâtard à grelots qui fut finalement appelé "Gaspard".
    
    Ce dernier devint bouffon officiel du roi vers l’âge de 47 ans.
    
    La morale de cette histoire, c’est que les fées aimables devraient s’occuper du suivi de leurs protégés qui ne savent pas toujours tirer les meilleurs profits de leurs coups de baguettes.
    
    Elle lui sourit. Il lui répondit par un regard étonné. À son tour il lui sourit avec une contenance de circonstance : le port altier, la tête légèrement de côté, le regard sûr. Geste ...
    ... maladroit mais sincère. C’était la première fois qu’ils se rencontraient. Le hasard venait de les réunir dans un jardin public, par un après-midi de printemps.
    
    Réservés, ils se tenaient l’un à côté de l’autre à distance formelle : c’étaient des honnêtes gens.
    
    Une brise souleva mollement les longs cheveux de la femme. Une mèche vint s’enfouir dans le creux de ses seins à demi dévoilés. Du coin de l’œil, l’homme esquissa un léger signe d’intérêt. La gorge était profonde, le décolleté osé. Se sentant désirée, la belle appuya son sourire. Le vent chassa la mèche indiscrète qui alla s’enrouler dans le vide. Et tantôt ses longs cheveux flottaient devant son visage, tantôt son front se dégageait avec grâce au gré de la brise… La scène était impromptue, charmante. Leurs regards se croisaient, se décroisaient, se cherchaient, se trouvaient. Le jeu se prolongea assez longtemps. Ils n’avaient pas prononcé le moindre mot. C’était adorable et puéril, tendre et émouvant.
    
    Ces deux-là se plaisaient, c’était évident.
    
    Les tourtereaux s’étaient rapprochés l’un de l’autre. Alors l’homme prit la main de son élue. Tacitement elle passa son bras sous le bras du galant. Il n’y avait pas d’hésitation dans leur étreinte, les deux amants s’étaient reconnus comme des semblables.
    
    Enfin ils s’en furent, tendrement enlacés parmi les roseraies, confusément émus, l’allure lente mais sûre, à petits pas vers un avenir plein de promesses… Deux silhouettes attendrissantes dans le parc qu’accompagnait le ...
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