La dernière fois
Datte: 28/08/2019,
Catégories:
ff,
extracon,
amour,
miroir,
regrets,
Auteur: Anne Archet, Source: Revebebe
... je le jure sur la tête de Satan, vous n’auriez pu l’empêcher de venir trop vite, trop tôt. Vous n’auriez eu alors d’autre choix que de la pénétrer encore, de la baiser une autre fois et l’embrasser, l’embrasser jusqu’à jouir avec elle, sans savoir en fait si vous jouissez pour vrai tant votre attention est portée sur elle. Évidemment, vous auriez quand même fini par plonger avec elle dans l’orgasme en vous effondrant sur son corps, tout en tentant de la lécher encore et toujours jusqu’à ce que votre bouche devienne sèche et crispée. Vous l’auriez alors prise dans vos bras et vous auriez pleuré en silence avec elle – dans la mesure où vous auriez pu, ou voulu, distinguer les larmes de la sueur salée née du sexe et de la canicule. Vous ne l’auriez pas lâchée pour tout l’or du monde.
Et vous auriez eu raison, puisque c’est exactement ce que j’ai fait.
Je l’ai serrée tout contre moi en embrassant légèrement son front et sa nuque. Elle soupira, prit ma main et la porta à ses lèvres.
— Tu devrais dormir, lui chuchotai-je à l’oreille.
— Non, me répondit-elle. Juste une dernière…
Elle plaqua ses lèvres contre les miennes, étouffant ses derniers mots par la même occasion. Je vous le demande encore : qu’auriez-vous fait à ma place ? Vous auriez tout fait pour que cette nouvelle dernière fois soit encore plus digne de mémoire que la précédente. Vous lui auriez donné encore plus de doigts, encore plus de lèvres, encore plus de langue. Vous auriez bu sa cyprine comme le ...
... dernier verre du condamné. Vous auriez couvert son corps de caresses désespérées jusqu’à ce qu’elle s’endorme. Vous auriez veillé sur son sommeil en écoutant sa respiration et en caressant ses cheveux jusqu’au lever du jour.
Et vous auriez eu raison, puisque c’est exactement ce que j’ai fait.
Des heures plus tard, j’avais toujours les mains dans ses mèches rousses. Cannette de fixatif à la main et peigne entre les dents, je fis pivoter sa chaise pour qu’elle puisse se contempler dans le miroir, ce qu’elle fit d’un air satisfait.
— Merci beaucoup, me dit-elle. C’est magnifique.
— Quoi que tu fasses, tu es toujours magnifique, répondis-je.
J’aurais voulu me gifler pour avoir lancé une remarque aussi stupidement amoureuse. Elle me sourit et caressa ma joue de sa main gantée.
— Et toi, regarde-toi ! Je t’avais bien dit que cette robe de demoiselle d’honneur t’irait à ravir…
Elle mentait. Cette robe en lamé orange était hideuse. Ça ne l’empêcha toutefois pas de contempler longuement mon décolleté, pour ensuite, lentement, placer ses doigts entre mes seins. Après un moment d’indécision, j’attrapai son poignet :
— Arrête, lui dis-je à mi-voix, tremblante.
Elle fit la moue, déçue, puis se retourna vers le miroir. Mon cœur battait la chamade.
— Tu m’aides à mettre ce truc ? me demanda-elle.
J’avançai près d’elle et déposai une main sur son épaule droite et l’autre dans sa chevelure. Nous nous regardâmes dans le miroir.
— Es-tu sûre que c’est vraiment ce ...