1. La dernière fois


    Datte: 28/08/2019, Catégories: ff, extracon, amour, miroir, regrets, Auteur: Anne Archet, Source: Revebebe

    — C’est la dernière fois, murmura-t-elle dans l’obscurité étouffante de cette nuit de juillet.
    
    J’acquiesçai de la tête, même si elle ne pouvait me voir, même si elle ne pouvait que sentir le mouvement de ma tête contre son épaule. Je savais que c’était la dernière, l’ultime, la der des der. Elle le savait aussi. Elle n’avait donc pas à le dire et je dis qu’elle l’a dit justement parce qu’elle n’avait pas à le dire, si vous voyez ce que je veux dire.
    
    Qu’auriez-vous fait à ma place ? Qu’auriez-vous fait sachant que c’était la dernière fois ? Vous auriez pris votre temps, c’est sûr. Vous auriez oublié les gadgets, l’acrobatie, les fla-flas, l’esbroufe. Vous auriez concentré toute votre attention sur un seul mamelon en le tétant longuement pour tenter de vous imprégner de son goût. Vous auriez concentré toute votre attention sur un seul sein, pour garder en tête sa rondeur et sa texture. Et voyant qu’elle s’agite, qu’elle en veut plus, vous lui auriez dit :
    
    — Tout doux, tout doux, c’est la dernière fois, je veux en garder le souvenir…
    
    Vous auriez ainsi pu vous donner la chance d’explorer son oreille avec le bout de la langue, pour vous donner tout le loisir de visiter chaque courbe et chaque pli, pour pouvoir enfin comprendre tout le bonheur qui peut naître de la caresse d’une simple oreille.
    
    Voilà ce que vous auriez fait, voilà ce qui vous aurait occupé jusqu’à ce qu’elle bouge encore, avec plus d’impatience, jusqu’à ce qu’elle serre ses cuisses contre la vôtre ...
    ... pour y frotter son sexe humide et palpitant. Vous auriez alors continué à taquiner son oreille même en sachant qu’elle jouirait de cette manœuvre déloyale, et vous l’auriez laissé jouir en sachant que vous pouvez bien mieux pour elle, beaucoup mieux.
    
    Vous n’auriez pas fait soixante-neuf. Non. Pas ce soir-là. Parce que vous auriez voulu vous consacrer à elle, parce que vous auriez voulu ne jamais l’oublier. Vous l’auriez léchée lentement, doucement, pour faire naître le plaisir, pour graduellement la saturer de volupté. Vous l’auriez ensuite léchée plus vite, plus fort, en prenant soin d’observer ses réactions, en guettant, à la façon qu’elle respire et se contracte, le moment où son clitoris, gorgé de sang, presque douloureux, demande grâce – le moment où il faut passer à son cul.
    
    Car pensez-vous sincèrement que vous l’auriez oublié ? Non, évidemment. Vous auriez fait courir vos mains, vos lèvres et vos dents sur ses fesses et le long de sa raie, pour vous les approprier, pour ne jamais les oublier. Vous ne vous seriez pas laissé distraire par ses supplications, par ses « baise-moi » et ses « fais-moi jouir ». Vous auriez exploré méthodiquement son anus, le taquinant du bout de la langue, y faisant entrer un, puis deux, et même trois doigts. Pour qu’elle soit prisonnière de cet obscur plaisir, de cette caresse qu’elle n’accepte que lorsqu’elle vient de vous.
    
    Vous auriez tout fait pour faire durer ce moment. Vous auriez voulu que cette étreinte dure éternellement. Mais ...
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