1. Notre-Dame de la Virginité


    Datte: 26/08/2019, Catégories: nopéné, init, nonéro, portrait, Auteur: Amarcord, Source: Revebebe

    ... partir rejoindre Robert dans son studio, avant d’aller fignoler le projet de mon travail de fin d’études. Zoé m’accompagna. Dans le hall, elle m’arrêta.
    
    — Tu sais, je crois que t’as raison. T’as pas vraiment viré gouine. Ça doit pas être si difficile d’être l’amante occasionnelle de Victoire. Elle a quelque chose de spécial, un truc touchant qui donne envie de la prendre dans ses bras. Tu lui diras que je l’aime beaucoup beaucoup ?
    — Promis, ma puce.
    
    Je l’embrassai bien fort.
    
    — Et moi aussi, je t’aime beaucoup beaucoup, et plus que cela encore.
    
    Je ne dis pas à Zoé que Victoire n’allait pas tarder à partir bientôt, de façon aussi soudaine qu’elle avait surgi dans ma vie. Je le sentais, je le savais, et sans doute le souhaitais-je même. Entre Victoire et moi, il n’y avait jamais eu de véritable relation amoureuse, avec tout ce que ceci suppose de passion, de désir charnel, de besoin physique de l’autre. Il ne s’agissait d’ailleurs pas véritablement de sexe, je n’avais pas envie de franchir ce pas. C’eût été un mensonge. Et Victoire elle-même ne le recherchait pas. Nous entretenions plutôt une forme d’intimité sensuelle et tendre, presque chaste, une sororité un peu incestueuse et très épisodique. C’était bien sûr troublant. Mais pas au point d’être nécessaire. Et cela ne pouvait forcément être que très passager. Une brève rencontre. Je savais aussi que je la reverrais, comme une amie, sans le moindre malentendu.
    
    Zoé se retourna encore vers moi.
    
    — C’était ...
    ... vachement joli ton histoire, Louise, c’est chouette qu’un garçon t’ait aimée comme ça. Je me demande si je ne vais pas me mettre au jazz…
    
    ~~oOo~~
    
    Louise s’excuse pour le retard, elle vient de quitter sa petite sœur. Je la rassure, j’ai tout mon temps. Et puis je la remercie encore pour sa venue, et lui dis que c’est à présent à mon tour de me montrer généreux. Je lui tends le sac photo. Elle l’ouvre, elle y découvre deux boîtiers Leica, mes boîtiers, et la Sainte Trinité de l’optique : le 35 mm Summicron, le 50 mm Noctilux, le 75 mm Summilux.Elle proteste. Elle sait qu’il y en a là pour une fortune. Non Robert, je ne peux pas accepter. J’insiste.Louise pose un baiser sur ma joue, elle me remercie encore, je lui dis combien je suis heureux de lui offrir ces merveilleux compagnons, ils ne m’ont jamais trahi.Elle se dirige vers le paravent, pour se changer.Je l’observe s’éloigner. Louise a mûri. Elle n’est plus tout à fait la petite princesse mimosa accueillant la vie avec candeur, celle qui s’ouvrait à l’amour avec une innocence de fleur sauvage. Plus d’un petit pois a probablement meurtri sa peau douce. Elle n’a pas renié sa soif d’absolu, elle veut toujours croire au grand amour, mais elle aborde l’existence avec davantage de lucidité ou d’humour.Elle a pourtant gardé intacte sa lumière, qui explose plus que jamais sur la pellicule, avec à la fois la légèreté d’un frisson et la gravité d’un sanglot. C’était sans doute ma mission que de capter cette poussière d’étoiles. De ...
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