Noël à Là
Datte: 26/08/2019,
Catégories:
fh,
médical,
amour,
lavement,
nonéro,
historique,
Humour
Auteur: Agerespectab, Source: Revebebe
... postillon qui le fera passer à la carrosserie où travaille Enguy !
Et les choses se firent ainsi, car ce que femme veut !…
Dominique avait seulement écrit :
Viens vite, je t’attendrai chez Jinay.
Sans date ni signature, et le vingt-quatre au soir ils tombaient dans les bras l’un de l’autre, sous le regard faussement indifférent de la doctoresse. Celle-ci leur abandonna sa chambre « pour deux heures seulement et n’oublie pas ce que je t’ai appris, Dominique, et toi, Enguy, sois raisonnable et obéis-lui. »
Il est donc reparti le vingt-six de bon matin. Dominique s’est précipitée chez Jinay, laquelle était pourtant très occupée à préparer sa journée de travail, mais devant la joie de la jeune fille, elle a tout laissé en plan :
— Alors ?
— Il m’a promis ! Il va faire un tour de France court, il n’ira pas au nord de la Seine, il m’a juré qu’il serait de retour dans un an au plus ! Et l’on se mariera !
— Bien ! Hier au soir, vous avez été sages ?
— Voyons, Jinay, je ne suis plus une petite fille !
Devant l’air vertueux et offensé qu’arbore Dominique, son aînée n’insiste pas. Elles passeront ainsi un an en complicité totale, au rythme des lettres échangées entre les tourtereaux. Enguerrand est maintenant trop loin pour revenir brièvement à Là, il faut attendre qu’il termine cette exploration des pratiques de son métier et des usages régionaux de France. Il n’ira pas, cette fois, en Normandie, non plus qu’en Alsace, et ne connaîtra pas les ...
... Flamands. Mais il aura sillonné maints autres coins du pays, et constaté que, pour curieux et intéressants qu’ils soient quelquefois, aucune cuisine n’y est aussi bonne que celle de sa mère, aucune fille aussi belle que sa Domi qui l’attend.
oooOOOooo
Troisième tableau : chez l’apothicaire
Nous ne nous sommes pas trop étendus sur la fête de Noël, à proprement parler. En ce temps-là, à Là ou ailleurs dans toute la chrétienté, Noël n’était pas la fête majeure en termes d’agapes. C’est à Pâques que l’on rompait le jeûne et que l’on s’en foutait plein la lampe.
Toutefois, même si Noël était un moment de profond recueillement, on n’oubliait pas de se réjouir aussi autour de la table. Enfin la venue de l’année nouvelle était également occasion de se gonfler la panse.
Dans les premiers jours de Janvier, dames et demoiselles restaient souvent incrédules devant leur miroir : comment ai-je fait pour choper cette mine de déterrée ? se disaient-elles. Au secours, il faut faire quelque chose, oui, mais quoi ?
Et c’est ainsi qu’un grand scandale a secoué Là lors de la deuxième moitié de l’hiver. Il éclata fin février.
On ignore où la rumeur a pris naissance ; le fait est que les femmes établies se sont progressivement mises à se dévisager, au fil des semaines, d’une façon qui devenait gênante. Nous ne voulons pas parler des jeunes filles, qui ont rapidement reconquis leurs belles joues et sont bien trop occupées à chasser le garçon, mais des femmes en ménage, ...