1. Un rêve éveillé


    Datte: 24/08/2019, Catégories: fh, revede, poésie, Auteur: Pgcm, Source: Revebebe

    — I -
    
    Donc vous êtes sur ce canapé
    
    Assise bien droite
    
    Attentive
    
    Vous observez
    
    Vous ne touchez pas à votre verre, ou si peu
    
    Prudente, aux aguets
    
    Je vous demande de m’embrasser
    
    Cette demande se voudrait à la fois un ordre et une prière
    
    Car nous savons que c’est l’enjeu de notre lutte
    
    Que c’est une sorte de point d’équilibre
    
    Et que pour l’instant vous ne l’avez pas franchi
    
    Et non, vous ne bougez pas
    
    Vous restez immobile même
    
    Attendant le combat
    
    Peut-être même la désirez-vous cette lutte
    
    Une lutte qui vous permettrait de céder
    
    Céder ce que votre esprit refuse
    
    Que refuse-t-il d’ailleurs ?
    
    Est-ce votre instinct de femme ?
    
    Peut-être en disant « oui » vous me verriez disparaître
    
    Comme un mauvais génie
    
    Comme une illusion
    
    Comme un chat qui délaisse sa proie après l’avoir attrapée
    
    Comme un homme…
    
    Est-ce une forme de fantasme de viol, vous voulez être prise sans en exprimer le consentement ni le désir ?
    
    Est-ce une sorte de virginité militante où votre esprit s’exige d’aimer d’amour celui qui vous embrasse
    
    L’aimer ? Lui ? Avec son foulard et sa pochette !
    
    Ridicule !
    
    C’est impossible
    
    Ce serait catastrophique !
    
    Puisque depuis 6 mois votre orgueil vous oblige à croire que vous aimez celui qui vous a abandonnée
    
    Toujours est-il que je ne vais pas faire ce que vous attendez de moi
    
    Pas aujourd’hui
    
    Alors je m’approche de vous
    
    Mon nez et ma bouche vous frôlent
    
    Nos nez et nos bouches se ...
    ... caressent
    
    Vous ne bougez pas
    
    Vous consentez à me laisser faire
    
    Mais vous ne bougez pas
    
    Nos bouches sont entrouvertes
    
    Mais il n’y aura pas de baiser
    
    Juste des frôlements
    
    Nous nous sentons
    
    Nous nous effleurons
    
    Nos souffles se mêlent
    
    Il y a de l’animal dans ce contact entre museaux
    
    Votre souffle se fait plus court
    
    Quand je descends votre nuque
    
    Pourtant les seuls contacts restent la pointe de mon nez
    
    Et les deux bordures de mes lèvres qui glissent sur votre peau
    
    Voulez-vous connaître la suite que j’ai rêvée ?
    
    M’en vouloir de vous désirer…
    
    Mais ce n’est plus le moment
    
    Et vous êtes ailleurs et fatiguée
    
    Et je ne parle que pour étouffer votre silence
    
    Qui me fait un peu peur…
    
    — II -
    
    Alors je vous aurais saisie
    
    Pas comme une poupée molle
    
    Pas comme un objet sans vie
    
    Pas comme une jeune fille endormie
    
    Car
    
    Paradoxalement votre immobilité n’est pas passive
    
    Elle vibre
    
    Elle respire
    
    Elle tremble
    
    Je vous aurais saisie comme d’un violoncelle
    
    Assise, mais de dos
    
    Je vous aurais massé le crâne
    
    Massé avec la pointe de mes dix doigts
    
    En appuyant fort
    
    Mais lentement
    
    Longtemps
    
    Entourant votre tête
    
    Comme si je voulais aussi contraindre votre esprit
    
    Encore rebelle derrière votre large front
    
    La berçant aussi
    
    Très doucement
    
    De droite et de gauche
    
    Jusqu’à ce que votre nuque se détende
    
    Et se laisse faire sans plus de résistance
    
    Vous auriez entrefermé vos yeux
    
    M’oubliant ...
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