1. La lutte des classes (1)


    Datte: 02/08/2019, Catégories: Trash, Auteur: Yojik, Source: Xstory

    ... cuisine, un goûter nous attend. Victor s’est assis et se cache l’entrejambe sous la table. Il est mal à l’aise, il doit encore bander comme un fou. Moi, j’ai essuyé ma foufoune, mais cela coule encore. Je m’assois vite avant qu’on voie ce qu’il se passe. On grignote pensivement. Ma mère croit que je suis un peu triste d’être là. Si elle savait à quoi je pense ! Du coup, ils nous laissent en quartier libre pour le reste de la journée.
    
    Dès que les adultes (je vous l’ai dit, j’ai du mal à me faire à l’idée que je suis adulte aussi) sortent de la cuisine, on se précipite dans le grenier. Il faut qu’on en découvre plus.
    
    Victor reprend le carnet pour comprendre un peu. C’est peu détaillé au début, tout le mois de juillet tient en six ou sept pages. Il y a une pause jusqu’au 10 août. Puis, la centaine de pages restante se concentre sur une période allant du 12 août au 21 août puis, deux trois pages jusqu’en septembre.
    
    Nous apprenons que papi faisait partie de ce groupe après que ses parents, plus que fervents communistes, l’y aient inscrit. On sent qu’il n’est pas trop dupe de tout cela, il voit bien le bourrage de crâne qu’on veut lui faire subir. On perçoit quand même une certaine révolte dans certains propos. Son petit groupe se compose de quatre garçons de 18 ans et un responsable de tout juste 22-23 ans. Ils ont dû travailler tout le mois de juillet à subir le "traitement injuste de la classe ouvrière et paysanne". Mais papi semblait assez content d’être au grand air. ...
    ... Surtout que les autres garçons étaient plutôt sympas aussi. Ils s’amusent bien ensemble même si "Chef" les rappelle à l’ordre et leur dit d’espérer le "Grand soir" plutôt que la soirée du samedi.
    
    La pause correspond au moment où il est retourné chez ses parents pour quelques jours. Ensuite, ils doivent partir dans le Vercors pour rénover une stèle en l’honneur de camarades martyrs. C’est surtout une occasion de bien isoler les jeunes et de les endoctriner. Surtout qu’ils sont supposés prendre en charge des jeunes par la suite, ou avoir d’autres rôles dans le mouvement. Puis arrive la partie intéressante. Elle est hyperdétaillée. Avec Victor, on a réussi à imaginer les dialogues qui allaient avec ces évènements. Je vous les livre tels quels raconté par papi André; A comme il se nomme dans son carnet.
    
    * * *
    
    12 août :
    
    On vient d’arriver dans le village de...Je ne sais plus déjà. Le train puis le car, nous ont mis KO. En plus, il va falloir grimper jusqu’au camp avec notre matériel dans nos sacs et dans le chariot que nous tirons deux par deux. Pour l’instant, Chef nous a autorisés à nous reposer sous des arbres, près de la mairie. La rivière qui coule au milieu du village me donne envie d’y plonger pour me rafraîchir. B et M sont comme moi. R somnole comme souvent, mais que d’un œil, car il aperçoit sur l’autre rive un groupe de scout de filles. Elles sont quatre, plus leur cheftaine. Elles doivent avoir le même âge que nous. Je me dis chouette; cela pourrait faire ...
«1...345...12»