Tout un village - Histoires de Sexe

Tout un village

... elle ?
— Elle n’est pas enceinte à ma connaissance, soupire Florence que l’évocation de Catherine en présence d’Estelle n’enchante pas du tout.
— Et vous comptez vous y prendre comment concrètement, indépendamment de mes émotions et de mes sentiments ? Qui donne ? Qui collecte ? Où ? Comment ?
— Les chances de succès d’un rapport intime tournent autour de 30 %, celle d’une insémination artisanale autour de 10-15 %. On se dit que c’est lié au manque de désir et de plaisir pendant l’acte.
— Pas faux, mais je fais quoi, moi, dans ce contexte !
— Apolline est vétérinaire. Elle est d’accord de s’occuper de la collecte du sperme et de l’insémination. Cela nous laisse toute liberté pour vivre le moment pleinement et en toute intimité, à l’exception de l’insémination dès que nous nous sentons prêtes, explique Estelle en regardant amoureusement Florence.
— Excuse-nous si tout cela paraît froid et dénué de sentiments, intervient celle-ci. Tu sais ce que je ressens pour toi. Tu n’as jamais été et ne seras jamais seulement un donneur de sperme. C’est juste que…
— … nous devons fixer le déroulement très en détail pour avoir les meilleures chances de succès et pouvoir nous détacher des aspects techniques le moment venu.
— J’avais compris. Et vous savez quoi ? Je suis d’accord pour participer ainsi au repeuplement de la France, fût-ce en passant par le métavers si tel est votre désir. Appelez-moi au moment de l’ovulation et soyez fécondes si vous ne voulez pas que je vous importune ...

... trop longtemps.

Je les quitte en faisant semblant d’être irrité par leur manière de ne pas tenir vraiment compte de mes sentiments et de mes émotions. En réalité, je suis assez touché que Florence ait convaincu Estelle de me garder pour leur faire des bébés.

Une fois seul, je me demande ce qu’Apolline peut bien penser de tout ça. Elle est restée silencieuse, mais sa manière de regarder mes réactions me laisse supposer qu’elle aurait plein de choses à me dire.

À peine ai-je passé le coin de la rue que je reçois un texto de Florence.

— Désolée, ce n’est pas ce genre de discussion que je voulais. Tu m’en veux ?
— Non, mais la froideur d’Estelle m’attriste. Sans doute veut-elle se protéger. Je peux comprendre. Vraiment
— Merci. Nous partons quelques jours en vacances, on aura le temps de reparler de tout ça. Tu veux bien de mes textos ?
— Oui, absolument. Et tu sais quoi ?
— Dis !
— Les deux dernières étapes de notre tour de nous, ben je les ferai avec Apolline, si elle veut bien.
— C’est une fille super. Tendance hétéro cis, mais ouverte à la non-binarité, comme tu les aimes ! Son mec s’est débiné dès qu’il a appris la grossesse. Elle galère grave. Je ne serais pas jalouse si tu lui offrais un peu de ce que tu m’as fait découvrir.

ooo000ooo

La vétérinaire accepte joyeusement de m’accompagner pour l’étape mystico-ésotérique que je voulais réaliser avec Florence. Je lui donne rendez-vous devant l’église Saint Merri, à côté de Beaubourg.

Sous des dehors ...