Tout un village - Histoires de Sexe

Tout un village

... premiers mots qui me viennent à l’esprit en pensant à ce que Florence me fait vivre depuis notre première rencontre.

À l’atelier, elle me présente Estelle, que j’avais déjà vue dans le tram, et Apolline, sa sœur, enceinte de six mois. Les deux jeunes femmes se ressemblent. Je retrouve chez la cadette aux cheveux longs, ce que j’avais déjà apprécié chez Estelle aux cheveux courts. Mais Apolline a en plus quelque chose d’enjoué et de solaire qui me touche et me trouble.

En fait, je me retrouve à nouveau face à trois femmes que je soupçonne prêtes à m’évaluer, en d’autres termes, dans la même situation que lors de l’entretien avec Florence, Catherine et Nicolas, à ce détail près que l’ambiance semble nettement plus détendue et bienveillante envers le mâle que je suis.

En outre, les graffeuses sont encore tout excitées par leur escapade nocturne et ne cessent de se moquer l’une de l’autre. Elles ont pris passablement de risques pour réaliser leur œuvre de street art et elles ont toutes trois eu peur d’être arrêtées à un moment ou à un autre.

— Tu as aimé notre fresque ? s’inquiète Florence.
— Elle est superbe, jusque dans les moindres détails. Comment arrivez-vous à une telle précision malgré la pression ?
— On graffe régulièrement ensemble. Bon, d’habitude on peint des sujets plus féministes, moins respectueux des mecs.
— Merci de m’avoir épargné. Notamment dans le coin inférieur gauche.
— C’est précisément pour cela qu’on voulait te voir encore ce soir, ...

... précise Estelle. Florence nous a parlé de votre « tour de vous en quatre-vingts jours », et des dernières étapes à réaliser…
— … sauf que deux ou trois choses ont changé, coupe Florence.
— J’imagine bien que ce que vous partagez depuis quelque temps remet mon rôle en question. Je sais depuis le début que je ne suis qu’un bourdon donneur de sperme.
— C’est plus compliqué que ça, poursuit Estelle. Au départ, Florence voulait effectivement un donneur pour féconder ses ovocytes et avoir un bébé avec Catherine.
— Or, Estelle m’a aidée à tourner la page, et… ben, je suis amoureuse d’elle.
— Félicitations. Et donc ?
— Estelle désire aussi un enfant depuis longtemps, sans avoir trouvé la bonne personne avec qui être mère.
— Nous ne pouvons et ne voulons pas choisir qui sera la mère porteuse, précise Estelle.
— Dans ces conditions, je préfère renoncer à la fécondation de mes ovocytes pour le moment, conclut Florence.

Trois paires de très beaux yeux me scrutent. Elles attendent avec impatience de voir si j’ai compris les enjeux.

— En deux mots, la convention est nulle et non avenue. Pas de bébé, pas de sperme, plus de Simon.
— J’ai dit que je renonçais à la fécondation de mes ovocytes, pas à avoir un enfant.
— Or, comme nous n’envisageons pas de PMA, et que l’insémination artisanale est interdite en France…
— … vous voulez récolter du sperme à l’ancienne. Comme Catherine à travers leglory hole dans le bar à motards. À ce propos, vous avez des nouvelles de mes spermatos chez ...