La loi de Murphy - Histoires de Sexe

La loi de Murphy

... ton détachement ? Cet après-midi, tu étais prête à aller te faire sauter par un bellâtre quadra pour passer le temps et là tu craques pour ce garçon en moins d’un quart d’heure ? Reprends-toi ! Vite… Tu en es quasiment réduite à minauder là. Pitoyable, ma pauvre fille !

— Quel genre de films alors ?
— Un peu de tout, j’aime surtout Kubrick, Coppola, Scorsese… Les frères Coen aussi.
— Comme moi alors. Mes deux films préférés sont Apocalypse Now et Barry Lyndon. J’aime beaucoup les films français des années 60 aussi, la nouvelle vague, Godard, Truffaut, Belmondo, BB…

Moment de silence. J’ai le regard fixé sur sa poitrine, musclée, mais pas trop. Bien formée, plutôt que musclée d’ailleurs. Rien à voir avec les horribles culturistes. Je sursaute quand il me dit :

— Vous aimez Bruce Springsteen ? Où vous trouvez mon t-shirt particulièrement hideux ?
— Euh… Non… il est bien. J’aime beaucoup Bruce Springsteen. Neil Young aussi…
— Femme de goût ! Dylan ?
— Aussi.
— Leonard Cohen ?
— J’en chialerais quand je l’écoute. J’aime bien Carole King aussi.
— Je ne connais pas.
— Ah ! Je vous ai coincé !
— En effet, attendez, je vais chercher ça ; dit-il en scrollant sur son portable, sûrement sur YouTube.
— Mettez la chanson « It’s too late », ma préférée.
— J’aime beaucoup, Éva. Pas très gai, mais j’aime beaucoup. Excellent mélange de folk et de groove. Et quelle voix… !
— Heureuse de vous avoir fait découvrir ça ! J’aime beaucoup de choses en fait. Pas que Beyoncé ...

... !
— J’ai remarqué que vous aviez plutôt bon goût au niveau musique.
— Comment ça ?
— Non, je ne vous espionne pas, Éva. C’est juste que les murs ne sont pas épais, me dit-il en me désignant la paroi entre nos appartements. Les Red Hot Chili Peppers ce matin ? Ça met en forme pour commencer la journée.

Finalement, j’ai de la chance que ça ne soit pas ma chambre à coucher qui jouxte son appart :

— Euh oui… « Give It Away », ça réveille le matin.
— Oui, ça réveille les voisins aussi. Je vous imaginais bien ce matin, vous déhancher dans votre salon en écoutant ça.

Je devais être rouge pivoine à ce moment-là de la conversation :

— Et sinon, Éva, toi, à part le cinéma et la musique… Je peux te tutoyer ?
— Euh oui… Bien sûr… Moi quoi ?
— Tu es célibataire ?
— Oui…
— Pourtant, il m’a semblé que quelqu’un habitait avec toi ?
— Oh là, c’est terminé, je l’ai mis à la porte !
— Oui, je me souviens de cet épisode et du tas d’affaires sur le palier, dont un string, d’ailleurs.
— On ne va pas évoquer ce triste épisode.
— Triste pour lui surtout, comment peut-on faire ça à une fille aussi jolie, intéressante… sexy…

Ses lèvres se sont approchées des miennes. Je ne me suis pas écartée. Au contraire, j’ai approché mon visage du sien :

— Belle, enjouée, craquante… a-t-il ajouté avant que nos bouches ne se rencontrent.

Un beau baiser de cinéma, nos lèvres se sont collées, se sont entrouvertes sous la pression, nos langues se sont rejointes et offertes l’une à ...