1. Mise en abîme


    Datte: 19/07/2025, Catégories: fh, grp, Collègues / Travail Oral pénétratio, lettre, Humour lettres, Auteur: Géraldine, Source: Revebebe

    ... Un aller-retour aux toilettes ou se plonger dans un sujet rébarbatif à souhait. Il choisit la seconde option, pour contrecarrer ses scrupules conjugaux naissants. Il va sans dire qu’il passe la journée à s’empêcher de relire la feuille, avec un succès limité.
    
    La semaine s’écoule ainsi. Il attend le jeudi avec une impatience rarement égalée.
    
    Maxime attendra péniblement jusqu’à 14 h. Au « ding », il arrête tout ce qu’il a en court, son sang s’est figé… ponctuellement.
    
    C’est tout. Ce n’est presque rien. Et surtout, ça sonne comme la fin du jeu. Il réalise sans aucune ambiguïté qu’il ne souhaite pas que cela cesse. Au contraire : il aimerait l’emmener un cran plus loin. Jusqu’ici, c’est évocateur et sexy, mais aussi policé, presque tendre. Il aimerait aussi, bien sûr, l’avoir pour de bon sous les yeux, sous la main, sous les reins. Là encore, aucune ambiguïté quant à son ressenti.
    
    Ce jeudi-là, il ne répond pas au message. Il l’espère, elle, dans l’attente du « ding ».
    
    La visioconférence d’équipe a lieu le lundi matin. Il la voit, petite vignette sur son écran partagé en plus de vingt fenêtres. À mi-parcours de la réunion, Géraldine se lève pour chercher quelque chose, vraisemblablement une tasse. Il a le temps de voir sa jupe, résolument courte, et son collant (son bas ?!) ajouré. À tort ou à raison, Maxime considère que c’est un message, un appel. Il ouvre la discussion écrite sur le logiciel puis s’y reprend à trois fois pour être sûr de ne lui écrire qu’à elle ...
    ... :
    
    —Et maintenant ?
    
    Écho de sa précédente relance, c’est aussi une question ouverte : elle doit répondre, mais n’est pas acculée. Elle peut toujours inventer une pirouette si elle le juge souhaitable. Ou bien… elle peut décider de relancer la partie. Il tente de se convaincre que ce n’est pas le but qu’il poursuit, que son intention est exclusivement de clarifier leurs relations en prévision de la reprise prochaine du partage de leur bureau. Il ne se dupe même pas lui-même.
    
    Un « ding » distinct annonce sa réponse :
    
    —qu’en as-tu pensé ?
    
    Il réalise qu’elle lui renvoie élégamment la balle. Et que jusqu’à présent il n’a guère fait d’effort pour obtenir quoi que ce soit. Il va devoir se mouiller :
    
    —C’était très très bon. Manifestement, tu sais y faire.
    —Tu n’as pas idée.
    
    Et maintenant ?
    
    —Jusqu’où peux-tu aller ?
    
    Maxime n’est une fois encore pas sûr du sens qu’il souhaite donner à cette question : réel, virtuel, à ce stade et scrupules mis à part, les deux le tentent. Il s’en remet à elle. Et elle ne répond plus.
    
    Dernier jeudi avant la reprise à bureaux pleins. Omicron a fini de terrifier les Français et Maxime fait partie des rares à ne pas s’en réjouir. Il redoute que le jeu s’arrête, autant que la possibilité qu’il puisse devenir sérieux, tangible.
    
    Dans la matinée, Géraldine envoie un message, intitulé « suite et fin ? »
    
    Maxime n’en mène pas large. Voilà donc « jusqu’où elle peut aller ». Il ne se sent pas à la hauteur de cette scène un peu ...