Mise en abîme
Datte: 19/07/2025,
Catégories:
fh,
grp,
Collègues / Travail
Oral
pénétratio,
lettre,
Humour
lettres,
Auteur: Géraldine, Source: Revebebe
Le variant omicron a eu le dernier mot : le télétravail est à nouveau effectif la majorité du temps et il n’est plus autorisé de partager son bureau. Chaque binôme est invité à s’organiser pour ne plus se croiser. Maxime le regrette. Sa collègue de bureau, Géraldine, est une présence agréable. Ils ont une relation professionnelle efficace. Et puis, sans parler de franche camaraderie, ils peuvent aussi échanger sur un mode détendu à propos de sujets relativement personnels comme les cadeaux de Noël pour leurs conjoints, l’agacement vis-à-vis du corps enseignant ou des belles-mères. Elle a un tiroir rempli de chocolats et n’en est pas avare, et puis surtout, ils peuvent se délester l’un sur l’autre du ras-le-bol ressenti envers leur direction. Maxime s’apprête donc une fois encore à se passer de cela pour plusieurs semaines.
En arrivant dans leur bureau ce jeudi-là – le jeudi, c’est son jour à lui – il a tout de même un petit pincement en avisant le fauteuil bleu, vide. En principe, elle arrive avant lui. Le temps de parcourir les quelques mètres jusqu’à leur porte, il peut détailler sa tenue. Ensuite, il ne verra que ce que le plateau du bureau laisse apparaître, sauf à l’occasion de quelques trajets vers la machine à café ou la photocopieuse.
Elle n’est globalement pas tellement son genre. D’ailleurs, il ne s’autorise pas à avoir un genre. Quarantenaire marié, père de deux enfants, dans l’ensemble heureux en ménage, il ne laisse – par principe mais aussi par simple ...
... manque d’envie – rien le divertir de celle qu’il a choisie il y a dix ans.
Pourtant, Géraldine, sous ses yeux quotidiennement depuis à peine moins longtemps, sait capter son attention. Elle n’est pas une séductrice née, elle tient même parfois un peu de la godiche avec ses airs embarrassés quand un lapsus ou un terme technique évocateur (« vibroponçage », pour le dernier en date) fait ricaner l’assemblée en réunion. Néanmoins, elle aime manifestement prendre soin d’elle, et soigne son apparence. Avant le temps du masque, elle arborait régulièrement un rouge à lèvres assez vif, pour rehausser une tenue un peu sage. Désormais, acceptable pis-aller, elle porte davantage de robes et de jupes souvent courtes, sur des collants (des bas ? Il n’ose se poser la question) élégants. Elle les porte bien, ses vêtements : elle est plutôt bien faite, quoique Maxime doute qu’elle-même le sache, ou qui que ce soit de moins attentif que lui ne le remarque.
Géraldine, donc, ne sera plus un sujet d’observation ponctuel pendant les prochaines semaines. Ils échangeront des emails professionnels quant aux deux ou trois sujets communs qui les occupent. Ils se verront en visioconférence chaque semaine, lors des réunions d’équipe. En ce jeudi matin, Maxime acte ce fait plus qu’il ne s’en désole.
Il ouvre sa messagerie, cherche un café à la machine désertée par le variant et s’installe dans son fauteuil de bureau pivotant. Justement, Géraldine lui a envoyé un message. L’objet de l’email est ...