Les sorcières de Lancosme - Histoires de Sexe

Les sorcières de Lancosme

... cave où six chemins se déclinent.

Christophe s’arrête à cet endroit puis nous dit solennellement :

— Ne dépassez jamais cet endroit, tout est resté tel quel depuis des siècles. Au-delà, il n’y a plus de lumières pour vous repérer et c’est ici que les voix se sont montrées les plus fortes et les plus agressives.
— Les quoi ?
— Les voix. Celles des sorcières.
— Nous y voilà ! m’exclamé-je. Les sorcières, bin voyons, mais où avais-je la tête ? Mais bon sang, mais c’est bien sûr, les sorcières !

Ma remarque l’a blessé et aussitôt je m’en excuse, mais comment croire en de telles sornettes ? Ganja me sauve la mise :

— Les sorcières, les cas de sorcelleries sont très très rares. Les possessions, les endroits « habités » sont très rarement le fait de sorcières…

Christophe se calme un peu alors que je réprime un fou rire nerveux. Je sens un courant d’air froid, glacial et une plainte lointaine sortir des ténèbres. L’ironie dont j’ai fait preuve se transforme très vite en angoisse aiguisée et c’est empli d’effroi que mon regard tente de percer la pénombre.

Est-ce mon imagination ? Je découvre peu à peu dans cette obscurité une forme qui se distingue. Cette forme ne bouge pas et c’est sûrement mon imaginaire qui me donne des explications invraisemblables, j’imagine le corps d’une femme (ou d’un homme) dormir à même le sol et qui en se retournant a soupiré comme on peut le faire lorsque nous rêvons.

Christophe, d’une petite tape sur l’épaule, nous intime de ...

... revenir sur nos pas. Je regarde Ganja et nul doute que lui aussi a perçu quelque chose. Il en est blafard.

Nous remontons à la cuisine, Célimène déjeune tranquillement. Bientôt Christophe part pour rejoindre le reste des propriétaires dans les dépendances. Nos langues se délient et nous expliquons cette étrange visite de la cave.

— Comptez pas sur moi pour que j’y aille ! nous dit Céli.
— D’autant plus qu’avec ton sens de l’orientation, tu serais vite perdue dans ce labyrinthe ! m’amusé-je, histoire de détendre l’atmosphère.

Nous organisons notre journée. Ce matin, la visite commencera par la petite chapelle située à une vingtaine de mètres du château, ensuite, nous prendrons nos marques dans les différentes pièces et placerons nos micros et caméras à des endroits que nous jugerons propices.

Habituellement silencieux, Ganja nous surprend par ses paroles :

— Wesh ! C’est pas du flan ! Il y a quelque chose de zarbi dans c’te château. Ceux qui habitent ici, ils disent que des sorcières hantent les lieux et avec elles, plein d’autres entités. Mais, moi, j’y crois pas, j’ai jamais cru aux sorcières. Croire aux sorcières ? C’est croire en la magie, aux incantations et tout le toutim. Donc quelque part, bin, c’est comme si on croyait à la religion, hein. Toutes ses grandes religions, la Chrétienté, l’Islam ou encore la Juiverie, tout ça, c’est du cinoche. L’enfer, le paradis, toutes ses conneries… Et mon cul ? C’est du poulet ? Bon, je suis un peu sceptique, aussi septique ...