1. Histoire des libertines (101) : Ana de Mendoza, la princesse borgne


    Datte: 07/07/2025, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Olga T, Source: Hds

    ... domestiques. En raison de la fuite d'Antonio Pérez en 1590, Philippe II décide de faire installer des grilles aux portes et fenêtres du palais ducal. La mélancolique princesse d'Éboli passe bon nombre de ses heures au palais dans un balcon grillagé donnant sur la place de la Hora.
    
    L'attitude cruelle de Philippe II envers la princesse reste assez inexplicable, en dehors de la jalousie envers Antonio Pérez. Dans les lettres envoyées au roi, la princesse le nomme « primo » (cousin) et lui demande de la protéger comme un bon gentilhomme le ferait. Philippe II, quant à lui, l'appelle « la hembra » (la femelle). Il est vrai que le monarque continue de protéger et de s'occuper particulièrement bien des enfants de cette dernière.
    
    Elle ne devait jamais revoir Pérez, qui réussit à s’échapper de sa prison et à se réfugier en France. Ana mourut d’amour et d’obstination, le cœur rongé par l’absence de Pérez et par sa longue détention.
    
    POURQUOI LA PRINCESSE D’EBOLI ?
    
    Ana de Mendoza a été une épouse exemplaire, qui a donné dix enfants à un mari bien plus âgé qu’elle. Elle lui a été fidèle, du moins jusqu’à sa liaison avec Philippe II, devenu veuf. Devenue veuve, c’est à un âge bien avancé qu’elle rencontre le grand amour de sa vie avec Antonio Perez, liaison qui ne dura que trois ans avant que la répression ne frappe les amants.
    
    Rien donc qui fait de la princesse d’Eboli une grande libertine, même si elle a révélé sur le tard une réelle sensualité.
    
    Qui plus est, elle a ...
    ... été accusée d’avoir commandité un meurtre, en poussant son amant à assassiner Escobedo. Le point reste controversé, car Pérez a toujours affirmé que le meurtre avait été commandité par le roi, pour éliminer le plus proche collaborateur de son rival et demi-frère, Don Juan d’Autriche (1545-1578), bâtard de Charles Quint et brillant vainqueur des Turcs à Lépante.
    
    J’ai souhaité évoquer Ana de Mendoza, parce qu’elle était une femme de caractère, qui avait osé s’opposer à la terrible Thérèse d’Avila. Elle a surtout été une femme libre et courageuse, qui a affiché un amour qui fit scandale dans une Espagne catholique si conservatrice. Une femme, issue de la plus grande noblesse d’Espagne, sœur du Grand Inquisiteur d’Espagne, osait résister au redoutable Philippe II, de refuser à lui. Elle le paya très cher.
    
    Le courage d’Ana et son histoire tragique ajoutent à la légende noire de Philippe II. Le roi catholique n’avait pas hésité à avoir une liaison avec l’épouse de son grand ami Ruy Gomez et voulait reprendre cette liaison, alors que le roi s’était entre temps remarié avec sa nièce Anne d’Autriche (1549-1580), qui lui donna enfin un héritier.
    
    Ce roi sinistre appliquait la maxime célèbre « faites ce que je dis, pas ce que je fais ». Ana de Mendoza, la jolie borgne, a, elle, été fidèle à ses sentiments.
    
    REFERENCES :
    
    Juliette Benzoni a consacré un chapitre à la « princesse borgne » dans son livre « Par le fer ou par le poison » (Perrin, 2018)
    
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