La rencontre
Datte: 06/07/2025,
Catégories:
fh,
Collègues / Travail
amour,
rencontre,
Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe
... nu !
— Si, l’été c’est délicieux !
— Alors donc, si j’ai bien compris, vous avez terminé vos travaux ?
— Non, car j’ai encore le grenier, au-dessus de la pièce principale. Il faut ajouter un escalier, mais j’ai la place au-dessus de l’autre, et je peux faire encore deux chambres et une salle d’eau là-haut. Pour l’instant, j’ai empilé sur le plancher tous les morceaux d’isolants que j’ai pu trouver : les restes de laine de bois d’ici, de la laine de verre, de la laine de roche, du polystyrène, tout ce que j’ai pu récupérer, un vrai dépotoir…
— Mais pour qui, ces chambres ?
— Je ne sais pas encore… Peut-être qu’un jour j’aurai de nouveau une vie sociale avec des amis qui me rendront visite…
— C’est bien d’avoir des projets et de garder espoir. Merci pour cette visite et bravo pour tout le travail accompli. Vous aviez appris à faire tout ça ?
— Pas du tout. Mais le besoin oblige à s’adapter, et tant que le cerveau fonctionne bien, les mains suivent. Avec quelques blessures de temps en temps… Mais celles-ci guérissent plus vite que celles de la vie !
— Hélas oui, on traîne des cicatrices pendant des années.
— Vous aussi ?
— Oui… et mon fils est là pour me les rappeler. Non pas que je lui en veuille à lui, comprenez-moi. Mais il ressemble physiquement à son père. C’était un amour de jeunesse, l’époque du cœur tendre. J’ai tout donné, j’ai reçu aussi, je le reconnais, mais j’ai reçu également une claque monumentale le jour où… où je les ai vus à la terrasse d’un café, ...
... insouciants, sans même se cacher, ils se bécotaient en public… moi j’étais dans mon bus, je rentrais de faire les courses avec tout ce qu’il aimait. Il est arrivé très tard ce soir-là, il avait eu un « conseil d’administration » qui s’était étiré en longueur… « tu comprends, chérie, les syndicats… alors j’ai dit non, vous ne pouvez pas empêcher le progrès… ». J’ai relevé la tête de mon assiette refroidie d’attendre et je lui ai dit : « ça va, ne te fatigue pas, tais-toi, ne fais pas de scandale, Pascal dort. Tu prends tes affaires, tes valises sont prêtes, et tu retournes d’où tu viens. Mon avocat te contactera ». Il a blêmi, a pris sa respiration pour protester. Je devais être terrifiante à voir, parce qu’il s’est ravisé, il a empoigné les deux valises et les deux sacs et il est parti. Avec la voiture, bien sûr. C’est comme ça qu’on repart à zéro après deux ans de procédure, et que je suis entrée dans l’époque du cœur sec. Voilà. Mais maintenant, tout va bien. Je suis passée du grand studio à un appartement sympa, j’ai une voiture rien qu’à moi et fils-boulot-appart’ occupent toute ma vie. Et les années filent à toute allure…
— Le cœur toujours sec ?
— Sûrement… je ne sais pas… dans tous les cas, qui voulez-vous qu’une femme de trente-six ans avec un ado de treize intéresse ?
— Évidemment, surtout quand on est grosse, moche, bête et au chômage ! Attendez, je suis persuadé qu’il y a un tas d’hommes très bien qui sont à peu près dans la même situation et qui ne demanderaient ...