1. La rencontre


    Datte: 06/07/2025, Catégories: fh, Collègues / Travail amour, rencontre, Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe

    ... bien fonctionné. En un an, on a enrayé la chute et stabilisé les chiffres. J’ai ensuite diversifié, avec des produits très techniques comme les volets par exemple, l’aspect du bois, la résistance de l’aluminium à l’usure et au temps, la légèreté ce qui est important pour les dames.
    — Exact.
    — Ce n’était plus de la ferronnerie, mais presque de la menuiserie. Pourquoi ne pas pousser la diversification jusqu’au PVC ? Je l’ai fait. Avec tous ces atouts, des produits haut de gamme et sur mesures, l’entreprise s’est complètement redressée et Granradin bombait de nouveau le torse. J’ai d’abord été nommé Directeur commercial, puis ensuite Directeur adjoint de l’entreprise où Granradin n’était pratiquement plus. Il avait trouvé le moyen de me mettre des menottes aux poignets, en la personne de sa fille Gwendoline. Très jolie fille, beau parti, en quelques week-ends je suis devenu fou amoureux, mariage en grand tralala au manoir des Granradin.
    — Le bonheur total, en somme…
    — Ah oui, vraiment. Sauf que je travaillais quatre-vingts heures par semaine pour développer encore et toujours. Créer un site Internet permettant de toucher toute la France et le must, à mon sens, convaincre les grandes chaînes de bricolage de faire appel à nous pour le sur mesure. Il a fallu construire un nouvel atelier. Dans le même temps, j’ai aussi fait construire notre villa, six cents mètres carrés, piscine couverte, Porsche Cayenne et décapotable pour Madame, la totale de la réussite.
    — Et le grain de ...
    ... sable ?
    — Trop absent. Je voulais faire un enfant, qui aurait occupé Gwendoline, mais elle repoussait toujours : « pas possible avant janvier, je vais avoir une anesthésie. Je vais me faire refaire le nez, supprimer cette petite bosse affreuse, je ne vois plus que ça dans le miroir… ». Puis ce furent les seins, les lèvres, etc. Jusqu’au jour où le Docteur Frédéric Hochet, spécialiste de la chirurgie esthétique, vint passer le week-end chez les Granradin. Il promit à Madame mère de lui faire disparaître tous les outrages des ans, mielleux, et surtout très intéressé par mon épouse qui l’avait fait venir. Ça ressemblait à un joli petit coup monté par la mère et la fille. Un chirurgien qui possède sa propre clinique, fût-il divorcé, c’est bien mieux qu’un diplômé de HEC. J’étais amoureux, j’ai pété un câble. J’ai renvoyé le chirurgien manu militari à ses scalpels et j’ai provoqué la grosse explication qui fait mal. Gwendoline couchait depuis trois ans avec ce zigoto qui avait divorcé pour elle, et maintenant qu’il était libre il fallait que je laisse la place.
    — Ouille ! Sévère comme coup…
    — Très. D’autant que Granradin en a rajouté une couche en me conseillant d’être beau joueur ! On s’est engueulé comme deux pêcheurs concurrents sur le vieux port de Marseille, je lui ai dit ses quatre vérités qu’il n’a absolument pas digérées. Licencié pour faute grave, insultes à la hiérarchie avec pour témoins sa femme, sa fille et le personnel de maison, divorcé à mes torts par un juge ami ...
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