À l'autre bout du monde - Histoires de Sexe

À l'autre bout du monde

... d’en rire. Jeux, maisons, cantines, putes. Y’a tout ce qu’il faut !

Il sourit, et continue :

— Ici, il n’y a pas le même rapport au sexe. Il est plus… simple.
— C’est-à-dire ?
— Il y a le mariage d’un côté, très traditionnel et codifié. Et de l’autre le sexe à proprement parler, considéré comme un besoin, un service au même titre qu’une livraison, un repas ou un bien. Il n’est pas mal vu d’en profiter. C’est juste normal.
— Ce qui n’est pas faux, si on regarde bien, dis-je en comprenant un peu plus l’esprit du lieu.
— Tu veux aller y jeter un œil ? me demande-t-il alors simplement.

Je le regarde, et dans ses yeux je reconnais cette petite lueur joueuse que je sais qu’il voit aussi dans les miens. On tourne dans la direction de la maison sans mot dire.

Sur le perron, salutations polies de deux femmes très jolies, la vingtaine, habillées très court et très moulant, puis l’une d’entre elles tire un rideau pour nous laisser entrer. Une petite salle, quelques tables ou des hommes et des femmes boivent et jouent au billard.

Alignée sur des tabourets, une dizaine de jeunes filles et de garçons, la plupart entre vingt et vingt-cinq ans mais quelques-uns plus âgés, boivent et discutent entre eux.

M’indiquant une table près d’une fenêtresans fenêtre, Éric s’assoit à côté de moi. Je commande une bière, lui aussi.

— Ça n’est pas aussi glauque je ce que j’imaginais. C’est même… plutôt normal comme ambiance, dis-je en sirotant une gorgée.
— À Bangkok ça peut ...

... l’être, souvent même. Le tourisme s’est même bâti sur ça entre autres. Ici, c’est plus… normal, comme tu dis. Les femmes et les hommes sont jeunes, ils font ça quelques années et ensuite se marient, ont des enfants quand ils sont trop vieux. Certaines continuent, mais il n’y a pas cette exploitation qu’on trouve en Europe, ou en tout cas pas ici. C’est un métier comme un autre sans jugement, avec la compréhension que c’est un besoin humain. Ils et elles sont suivis sur leur santé, gagnent comme un autre leur vie.
— Tu as déjà… ?
— Bien sûr. Ça te choque ? me demande-t-il.
— Non, en fait. L’association sexe et argent est plus évidente, c’est tout, mais elle existe aussi chez nous. Une fille va vouloir un mec friqué, un homme va vouloir coucher après un resto. Au final, il y a toujours de l’argent. Au moins, c’est honnête dans la prostitution. Et dire qu’en France on met une amende aux clients. Pas de la prison… non, juste une amende. C’est hypocrite.

Éric me regarde en hochant la tête. La musique est agréable, un couple de jeunes gens du bar sont montés sur le comptoir et dansent, la douzaine de clients applaudissant en rythme. Un autre couple vient à notre table peu après, et nous salue. Et dans le plus simple des anglais, ils nous proposent un massage pour nous deux. Je croise le regard d’Éric.

— C’est toi qui décides, je te l’ai dit ma belle, me répond-il sans que j’aie dit quoi que ce soit.

Le jeune homme est très beau, ses traits fins sur sa peau brune soulignent ...