1. 0316 Les Noëls se suivent...


    Datte: 25/06/2025, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... faut continuer à bosser en attendant que le vent tourne.
    
    — C’est sûr, ça va aller.
    
    — Pourquoi tu ne l’as pas invité à réveillonner avec nous ce soir ?
    
    — Parce que… j’hésite, avant de trouver une réponse plausible, parce qu’il a prévu de le fêter avec sa famille. »J’imagine. Ou pas. J’aimerais tellement savoir ce qu’il a prévu, où il est. J’aimerais avoir de ses nouvelles. Ou pas. Je souffre de ne pas en avoir, mais ça me ferait du mal de savoir qu’il fait la fête ailleurs et qu’il se passe parfaitement de moi.
    
    « Et tu vas fêter le Nouvel An avec lui ?
    
    — Euh… oui… » j’hésite et je mens.
    
    « Allez, dis-moi ce qui se passe » me lance Maman, alors que je l’aide en cuisine pendant que Papa est parti faire quelques courses de dernière minute.
    
    — Mais il ne se passe rien…— Pas à moi, Nico ! J’ai vu ton regard quand tu parlais de Jérémie. Il était triste. Et tu mens très mal.
    
    — Nous sommes à nouveau séparés.
    
    — Qu’est-ce qu’il s’est passé, encore ?
    
    — Je crois qu’il est amoureux de quelqu’un d’autre.
    
    — Ah… mais il n’est pas croyable ce type !
    
    — Je n’ai pas trop envie d’en parler, là.
    
    — Ok, ok. Mais s’il est amoureux d’un autre, c’est qu’il ne sait pas t’apprécier à ta juste valeur et qu’il ne te mérite pas. Mais je suis sûre qu’il va vite se rendre compte que tu lui manques et qu’il va revenir vers toi. »
    
    En début d’après-midi, je sors. Avant de retrouver mon pote Julien, je fais un grand tour pour retrouver ma ville. Car depuis un an et demi ...
    ... que je suis à Bordeaux, j’ai l’impression de l’avoir délaissée. J’ai l’impression qu’elle m’oublie. En arrivant à la gare en fin de matinée, je me suis d’une certaine façon senti étranger dans ses rues.
    
    Oui, j’ai besoin de retrouver ma ville, ses formes, ses lumières, ses couleurs, ses façades, ses briques orange rosé, ses allées, ses rues étroites aux noms familiers, ses espaces verts, ses églises, ses magasins, ses bars et restaurants. Et les blessures qu’elle soigne depuis près d’un an et demi et qui ne sont toujours pas complètement cicatrisées.
    
    Ça me fait un bien fou de retrouver l’accent des gens de ma ville. Et ma ville tout court. Mais la retrouver sans Jérém, ça m’arrache le cœur.
    
    Allées Verdier, Monument aux Morts, Grand Rond. Je refais le parcours de ma première révision à l’appart de la rue de la Colombette. Je me laisse happer par un détour à Esquirol, j’ai besoin de revoir la terrasse de la brasserie où Jérém a travaillé. Un autre serveur brun a pris sa place, et la mélancolie enserre un peu plus mon cœur.
    
    Je reviens vers Carnot, et mon cœur s’emballe à l’approche de la rue de la Colombette. Les larmes me montent aux yeux. Je retrouve la façade de son immeuble, et sa porte d’entrée qui était verte et qui a été repeinte en bleu. La petite épicerie juste à côté est toujours ouverte. Mais la terrasse où Jérém a fumé tant de cigarettes est vide. Je repars vers le Canal, le cœur lourd de larmes retenues.
    
    L’espace public déborde de décos de Noël censées ...
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