L’ultime danse de Salomé
Datte: 16/06/2025,
Catégories:
magasin,
amour,
cérébral,
revede,
sf,
Auteur: calpurnia, Source: Revebebe
... pâtissière. Chacun est invité à procéder ainsi : cela fait plusieurs années que les poubelles ont disparu, et le Centre est toujours d’une propreté impeccable.
C’est à ce moment-là que j’ai senti que l’ambiance du Centre devenait anormale. Les vigiles d’abord semblaient anxieux ; ils chuchotaient entre eux à voix basse. Les vendeuses des magasins de prêt-à-porter, les guichetiers des banques, les serveurs des restaurants, tous avaient soudain pris conscience qu’une catastrophe se préparait. Les voix s’étouffaient, les enfants ne couraient plus dans tous les sens. La fête conçue comme perpétuelle a marqué comme une pause incongrue. La musique s’est tue. Les parfums ne se diffusaient plus, de sorte que celui de la sueur humaine, la chaleur animale du troupeau, prenait le dessus. La magie commerciale s’effondrait sous mes yeux.
Une voix dans les haut-parleurs nous a ordonné de rester calmes et de nous diriger vers les sorties, à cause d’une intervention en cours des forces de l’ordre. Les boutiquiers, qui craignaient pour leur marchandise, ont abaissé en hâte leurs rideaux de fer. La myriade d’écrans publicitaires géants a diffusé ce message en même temps, en rouge clignotant : ÉVACUATION. Un trouble au fonctionnement du Centre non maîtrisé par l’équipe des vigiles de la compagnie privée chargée de maintenir la tranquillité ? J’ai scruté mon téléphone afin d’obtenir plus d’informations, mais tous les réseaux étaient coupés. Je voyais les gens tapoter désespérément sur ...
... leur appareil tout en se laissant porter par la foule. Pour la première fois, on assistait à l’interruption totale des communications, pour éviter que les badauds postent n’importe quoi sur les réseaux sociaux et abîment l’image du Centre. Les lumières se sont éteintes, à l’exception du balisage incendie.
Dans cette ambiance d’apocalypse, on commençait à paniquer. Chacun pour soi. Des éclats de voix se sont fait entendre. Des hommes criaient que tout allait sauter, en écho des femmes hurlaient je ne sais quoi, des enfants séparés de leurs parents pleuraient. Le lourd navire que constituait le Centre sombrait, thrombose du sang que constituait son flux frénétique d’informations et de monnaie. Mais nul orchestre pour assurer la musique jusqu’à la fin. Je suis restée figée, immobile sur mon banc, curieuse de voir comment tout cela allait finir.
Puis j’ai vu quelqu’un courir dans ma direction, à contresens du flux de la foule. Une femme. Salomé. Elle était poursuivie par des policiers lourdement armés, casqués. Ils l’ont mise en joue, ont tiré dans sa direction, l’ont abattue d’une seule balle dans le dos qui a failli m’atteindre aussi. Son dernier geste a été de tendre ses bras vers moi, comme si elle avait un message à me communiquer, sans avoir eu le temps de le formuler. Les gens se jetaient à terre. Dans le datacentre, un œil rouge clignotant s’est éteint.
L’éclairage normal est revenu. Les écrans ont immédiatement diffusé l’information : la personne sur le point de ...