Asmodée
Datte: 12/06/2025,
Catégories:
Dans la zone rouge,
Auteur: Philus, Source: Hds
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Véronique appuya sur le bouton latéral et, contrairement à ce qu’elle supposait, la batterie n’était pas à plat. Elle était presque pleine, preuve que le téléphone avait été égaré depuis peu. Pas de code ; l’image affichée la fit sursauter. Outre les icônes habituelles, un diable cornu se posait en fond d’écran. Elle songea à appeler une des connaissances du légitime propriétaire de cet appareil pour le lui rendre et dans ce but, ouvrit les contacts.
Un unique nom apparut : Asmodée.
–*–
Un seul nom, cela semblait improbable et devant cette bizarrerie, Véronique hésitait.
— Ce doit être un farfelu, pensa-t-elle finalement en cliquant sur « appel ». Si cet « Asmodée » ne peut pas me répondre, je donnerais le téléphone lundi à la collègue des objets trouvés.
Quelques sonneries retentirent, puis une musique envoûtante se fit entendre pendant quelques secondes.
— Allo, répondit soudain une voix grave.
— Oui, bonjour. Voilà, j’ai trouvé…
— Je sais pourquoi vous appelez, mademoiselle Rossi-Princivalli. Je vous propose un rendez-vous à « L’Antre du Diable ». C’est un bar spécial à l’angle du boulevard d’Angleterre et de l’avenue du Cimetière Vieux. Ce soir, à vingt-trois heures.
Véronique ne sut pas quoi répondre. Elle bégaya :
— Mais… Mais, comment connaissez-vous mon nom ?
Un ...
... rire sonore et démoniaque retentit en réponse.
— N’oubliez pas, vingt-trois heures.
Le correspondant raccrocha.
Véronique en resta pantoise et regardait l’écran noir avec ahurissement.
— Qu’est-ce que c’est que cette mauvaise blague ? commenta-t-elle à voix haute.
Elle pensait bien ne pas tenir compte de cette conversation et remettre le téléphone au service des objets trouvés de la Mairie. Cependant, au fur et à mesure de la journée, elle s’interrogea sur le fait que cet Asmodée connaissait son nom et cela la troublait énormément. Elle y réfléchit pendant tout son diner, pesant le pour et le contre. La curiosité l’emporta finalement et, comme elle n’avait pas prévu de sortir ce soir-là, elle se prépara pour se rendre à « L’Antre du Diable », établissement dont elle n’avait jamais entendu parler.
–*–
« L’Antre du Diable » occupait bien l’angle des deux rues citées par Asmodée, mais l’endroit était lugubre et mal éclairé. Peinte en noir et décorée de signes cabalistiques bordeaux et gris, la devanture n’était pas plus engageante. Véronique poussa doucement la porte qui résista un peu. Un flot de musique « death metal » lui heurta les oreilles, sans doute « Slayer » ou « Venom ». Elle referma avec difficultés la porte derrière elle et tenta de distinguer quelque chose sous l’éclairage rouge sombre des suspensions en tissu épais. Au milieu des tables et des bouteilles, une douzaine de paires d’yeux la dévisageaient. Tous les garçons et les filles étaient ...