Vol de jour
Datte: 05/06/2025,
Catégories:
h,
avion,
nonéro,
aventure,
Auteur: Lioubov, Source: Revebebe
Avertissement : ce texte est un défi, car dépourvu de toute trace d’érotisme. Un véritable paradoxe sur un site tel que Revebebe. Vous verrez que le plaisir peut être d’un ordre autre que sexuel, même si les pratiquants de l’aviation se qualifient entre eux de « branleurs de manches », et de « vieilles tiges » pour les plus anciens d’entre eux.
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Un vrombissement devant moi : le Rallye s’aligne sur l’axe de la piste, roule lentement jusqu’à ce que le câble soit tendu puis s’immobilise. Bien sanglé dans le cockpit de ce bon vieux ASK-13 à la gueule sympa de dauphin rieur, casquette blanche à visière translucide teintée de bleu sur la tête et lunettes de soleil sur le nez, j’effectue les vérifications d’usage ; les commandes sont libres, leur débattement est total. Verrière fermée et verrouillée. Je cale l’altimètre sur zéro.
Pieds sur les pédales du palonnier, manche en main droite, je rentre les aérofreins qui s’effacent dans l’aile et lève le pouce pour signaler que je suis prêt à décoller. Le copain qui se tient à proximité empoigne l’extrémité de l’aile et la soulève ; pour moi, la ligne d’horizon – jusque-là inclinée vers la droite – se redresse jusqu’à l’horizontale. Le pilote du remorqueur met progressivement les gaz, et le bel oiseau bleu et blanc commence à glisser tandis que le copain court à côté de lui, maintenant l’aile horizontale jusqu’à ce que la vitesse donne un peu d’efficacité aux ailerons. Sous moi, j’entends le frottement ...
... du patin sur l’herbe tandis que le planeur est secoué par les inégalités du sol. Moment un peu inconfortable, mais bien vite terminé, car l’appareil prend son envol. Le calme revient.
L’oiseau de bois, de toile et de fibre de verre a envie de s’élever, ce qui serait dangereux pour l’avion remorqueur qui ne pourrait pas prendre de l’altitude, contraint à piquer à cause du câble qui soulèverait l’arrière de son fuselage. Poussant sur le manche, je le contrains à voler en palier à environ un mètre du sol puis, lorsque le Rallye décolle, je le laisse grimper tout en contrôlant son altitude relative en conservant l’avion-remorqueur au niveau de l’horizon. En moins de dix minutes, nous atteignons l’altitude de 500 mètres.
D’un battement d’ailes, le pilote du remorqueur me signale une ascendance ; je tire sur la boule jaune qui se trouve à ma gauche. Un claquement caractéristique : le câble vient de se décrocher. Dès que je le vois onduler derrière le Rallye, j’engage un virage à gauche centré sur l’ascendance. Lorsque le premier 360° est effectué, l’avion-remorqueur n’est déjà plus qu’une petite silhouette blanche qui plonge vers le sol, bien en dessous de moi.
Je poursuis ma spirale dans cette colonne d’air chaud qui s’élève, jetant de temps à autre un coup d’œil sur le variomètre qui indique une vitesse ascensionnelle d’un à deux mètres par seconde. À ce rythme-là, il ne me faut guère plus de trois minutes pour atteindre l’altitude de 800 mètres, là où cette ascendance ...