1. Le forgeron


    Datte: 25/04/2025, Catégories: fh, cérébral, Voyeur / Exhib / Nudisme pastiche, Humour occasion, Auteur: Juliette G, Source: Revebebe

    Les Monts d’Arrée. Les bretons d’antan devaient être bien orgueilleux. Ou totalement ignorants des autres régions de notre beau pays. Cette partie de la Bretagne est magnifique certes, mais de là à nommer les quelques hauteurs du coin, des monts… C’est gonflé. Huelgoat n’est pas si loin et je connais bien l’endroit mais je ne suis jamais venue par ici.
    
    C’est une chaumière. Non pas les élucubrations d’un touriste en mal de reconnaissance, non, c’est une véritable chaumière. Chaume en toiture, pierres épaisses, fenêtres et poutres extérieures en bois. Je ne serais pas surprise qu’à l’intérieur, le sol soit resté de terre battue.
    
    J’ai sorti mon ustensile du coffre de mon Stepway et l’ai déposé sur l’allée gravillonnée. C’est l’objet de ma visite. Un rectangle de fer d’une cinquantaine de centimètres de longueur, sur une trentaine de largeur et de hauteur. Une caisse montée sur quatre pieds. Deux axes et un cylindre de trente centimètres de diamètre, muni d’une trappe en ouverture, et d’une manivelle à poignée de bois. Dans la caisse, on crée de la braise. Dans le cylindre, on met châtaignes ou marrons. Et on tourne de temps à autre. C’est aussi simple que cela. L’objet devrait être original, une fois restauré. Une petite dizaine de kilogrammes de ferraille, à remettre en bon état. Plus tard, je le peindrai peut-être. Chauds les marrons chauds ! C’est un tantinet désuet.
    
    L’homme qui va s’occuper de ce travail est paraît-il très connu dans la région. Un vieux forgeron ...
    ... qui en a vu de toutes les couleurs. Il a même la réputation d’être devenu un véritable artiste. Moi, je suis venue comme ça, sans même avoir pris contact avec cette personne. Je ne suis pas pressée et j’y vais souvent au feeling. Nous verrons bien.
    
    — Bonjour madame !
    
    Oh putain ! C’est quoi ce truc !
    
    — Bonjour… Vous êtes monsieur Landuré ? Élouan Landuré ?
    
    Bien sûr que non. J’ai dit ça sans réfléchir. Ce n’est pas lui. L’homme que je devrais rencontrer doit friser les quatre-vingts printemps, et ne travaille plus que pour le plaisir. Le type en face, malgré sa barbe fournie, ne doit pas avoir vingt-cinq ans.
    
    — C’est mon père. C’est quoi l’objet de votre visite madame ?
    
    Je suis en face d’Héphaïstos. Ou de Vulcain. De Thor ! Encore que ce géant soit noir de poil et qu’il ne donne pas dans le type suédois. Mais bon, je connais un Suédois au faciès de Mongol, et puis le fameux Thor n’a pas posé pour la postérité. Le type de la BD, tout comme le nouveau héros de cinéma, a des tignasses blondes paille et pourtant, que sait-on vraiment de ce dieu nordique. Allons-y pour Thor !
    
    Mon dieu lève son bras titanesque pour laisser Mjöllnir reposer sur son épaule. Ce n’est pas un marteau qu’il porte. C’est une masse !
    
    — Moi c’est Timothée ! Qu’est-ce que je peux faire pour vous ?
    
    La voix grave et profonde résonne dans le calme de cette fin de matinée et j’attends fébrilement tonnerre et éclairs.
    
    Une tête de plus que moi au moins, et je n’ai rien d’une naine issue ...
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