Le premier trio - Histoires de Sexe

Le premier trio

Résumé des épisodes précédents :

La coupe du monde de soccer venait tout juste de se terminer que déjà les discussions du midi au boulot revenaient sur le sport national : le hockey. Le Canadien de Montréal avait une saison moins catastrophique que la précédente, ce qui était facile à réaliser, et les esprits s’enflammaient déjà :

— Ça sent la coupe ! s’exclama un collègue, après une « série d’une victoire consécutive » de son club préféré.
— Les changements qu’ils ont faits au premier trio, c’était du génie, renchérit un autre, en bon gérant d’estrade. C’est un trio de feu !
— Caufield, je le savais que ça prenait Caufield, analysait un autre, l’expert des prédictions d’après-coup.

Je m’emmerdais ferme. Je n’en avais rien à foutre du hockey, des statistiques bidon, des pousseux depucks et des scandales d’agressions sexuelles associés.

C’est à ce moment que mon téléphone vibra dans ma poche, la vibration d’un appel entrant. Un coup d’œil à l’écran m’indiqua un numéro inconnu.

— Encore de la sollicitation, pensais-je.

Entre de la sollicitation téléphonique et la discussion de vestiaire, laquelle était la plus pénible à supporter ?

— Et toi, Alexis, penses-tu qu’on aura le défilé de la coupe Stanley sur la Sainte-Catherine en juin ?

Décidément, je n’avais rien à perdre.

— Excusez-moi les gars, je dois prendre un appel.

Je fis glisser l’icône sur l’écran pour répondre.

— Alexis.

Je lançai mon nom de la manière la plus bête possible dans le ...

... micro, en espérant donner le ton à la discussion. Bien entendu, rien ne me parvint de mon interlocuteur à part un grésillement, la technique des centres d’appel étant d’attendre d’avoir un poisson au bout de la ligne avant de le mettre en contact avec un représentant.

— Tu vas voir que ta morue ne restera pas longtemps au bout du fil, vociférais-je entre mes dents en éloignant le combiné de mon oreille pour raccrocher.

Mais juste au moment où j’allais appuyer sur le bouton rouge, j’entendis une petite voix étouffée dans le haut-parleur.

— Alexis ?

Le ton de la voix m’était familier. J’adoucis la mienne.

— Oui, allô. Qui est-ce ?

Quelques secondes de silence, encore.

— Alexis, c’est Noémie, la conjointe de Sophie.

Je restai bouche bée et un peu aux aguets. La conjointe de mon amante qui m’appelait au travail, c’était aussi inattendu que délicat comme situation. Ce devait être grave. Avant même que je n’aie le temps de répondre, elle enchaînait déjà.

— Je suis sur un téléphone satellite qui m’est prêté et ça coûte la peau des fesses. Je vais être brève. Tu vois Sophie mercredi prochain, le 21 ?

En effet, le 21 décembre était l’anniversaire de Sophie. J’avais trouvé un prétexte pour m’absenter du travail et passer la journée avec elle. Noémie continua sans attendre.

— Sophie m’a parlé de vos plans. C’est délicat de ta part de passer la journée avec elle pour son anniversaire. Pour ma part, je vais être de passage à Montréal. Seulement quelques ...