1. Amour1960


    Datte: 07/02/2025, Catégories: fh, jeunes, Voyeur / Exhib / Nudisme Humour Auteur: Samuel, Source: Revebebe

    Je me souviens… Un imperméable vert… Pourquoi avait-elle revêtu cet imper alors qu’il ne pleuvait pas ? Pourquoi ce vert qui me sortait par les trous de nez ? Et pourquoi ces longues marches dans toutes les rues de la ville qui me fatiguaient ? En fait non, j’étais jeune alors et j’aurais pu continuer encore longtemps à arpenter le bitume. Ce qui me fatiguait, c’était le jeu interminable des questions et des réponses sur la vie, la scolarité, les parents et les grands-parents, les frères et les sœurs. Sur l’avenir aussi. Elle voulait surtout savoir si je préférais Sylvie Vartan ou Françoise Hardy. Parfois, alors qu’elle me demandait si je n’avais pas aussi des oncles, nous passions devant un hôtel. Les pas se faisaient moins rapides, mais les yeux révulsés, elle me disait : « Tu ne veux tout de même pas que nous… Surtout dans cet hôtel minable… » Minable, minable, j’avais jeté un œil aux tarifs et ce n’était pas si minable que ça, même pour une nuit. En fait il me semble bien qu’elle avait dit « sordide », mais c’est un mot que je ne maîtrisais pas à l’époque. Nous évoquions aussi le général de Gaulle pour dire que nous n’étions pas trop d’accord avec sa politique, mais il avait sauvé la France dans les manuels d’histoire, alors tout de même. Et c’est au bout de la rue Victor Hugo, lors de notre troisième passage, que je décidai de prendre le taureau par les cornes. Je lui déballai toutes mes frustrations. Ces bisous dans le cou, ces embrassades à la sauvette, ces pelotages ...
    ... au-dessus de la ceinture dans les portes cochères après 19 h… OK, c’est sympa, mais faudrait passer à…
    
    — À la casserole ? me dit-elle.
    — Mais non, enfin, ce n’est pas ce que je veux dire.
    — Je ne tiens pas à faire l’amour pour le moment ; je te préviens tout de suite. D’abord, je n’ai aucun moyen anticonceptionnel et en plus je ne me sens pas prête. Il faut que j’en parle avec ma sœur, ou ma mère. Je ne sais pas encore. Je ne sais pas non plus si je suis prête à en parler avec ma mère.
    
    Je me disais : Non seulement on n’est pas encore à l’hôtel, mais on n’est pas sorti de l’auberge ! La promenade a donc repris son cours et le samedi suivant nous remîmes nos chaussures de marche. Entretemps, elle m’avait écrit une lettre dans laquelle elle protestait de son amour toujours plus vivace. Elle ne pouvait m’accorder ce que je lui demandais, mais pour le reste elle ferait tout selon mes désirs. Et pour couronner le tout, ses parents m’invitaient à prendre le thé dimanche à 17 h. J’espère, ajoutait-elle, que tu feras bonne impression. Rien ne mieux pour m’irriter. Ses parents, je les supporte à peine. Sourires en coin, costume croisé et tailleur droit. « Prenez donc un sablé, Bernard, ça vient de la biscuiterie Vendroux, vous savez, le beau-frère du Général. »
    
    Franchement, malgré tout l’amour, enfin disons l’affection pour le moment que je portais à Martine, j’avais parfois envie d’aller voir du côté de Sylvie, qui, un soir d’automne, m’avait dit les yeux dans les yeux : « ...
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