1. Partir, c’est mourir un peu


    Datte: 20/01/2025, Catégories: extracon, Collègues / Travail amour, confession, rupture, extraconj, Auteur: Patrick Paris, Source: Revebebe

    ... pour lui.
    
    Son travail aussi avait perdu son intérêt. C’était sa vie entière qui était fade. Michel lui manquait.
    
    Elle passait ses soirées devant la télévision, attendant que le sommeil la terrasse.
    
    Ses amies ont bien essayé de la secouer, de la sortir, elle est encore jeune. Elles n’arrivaient pas à la tirer de cette langueur qui l’avait envahie. Pas question pour elle de chercher à remplacer Fabrice, encore moins Michel. Ils étaient toujours pacsés. Même s’il avait disparu, même s’il ne revenait jamais, elle se considérait toujours mariée, et ne voulait plus le tromper. Elle avait fait assez de bêtises.
    
    Elle se laissait vivre. Sans s’en rendre compte, elle sombrait dans une forte dépression. Elle aurait dû aller voir son médecin, pour quoi faire, elle n’était pas malade.
    
    Elle avait la hantise d’entendre un jour aux informations qu’un corps inconnu avait été retrouvé dans une décharge ou repêché au fond d’une rivière. Même si elle lui en voulait de l’avoir abandonnée, elle espérait qu’il avait refait sa vie, et qu’il était heureux là où il était. C’était elle la fautive.
    
    ---oOo---
    
    Au départ de Michel, Marie comptait les jours, puis les semaines, il y a longtemps qu’elle ne compte plus les mois. Ses soirées se ressemblaient, monotones.
    
    Un soir pourtant, finissant de dîner seule dans sa cuisine, son téléphone sonna :
    
    — Bonjour, c’est moi.
    
    Elle faillit tomber sous la surprise, se retenant à la table, elle s’assied avant de répondre :
    
    — Michel ...
    ... ?
    
    Sans savoir quoi dire, elle rajouta de façon machinale :
    
    — Comment vas-tu ?
    — Bien, et toi ?
    — …
    — J’aimerais te voir, dit-il faiblement.
    — Oui ? Euh, je ne sais pas…
    — Je peux venir chez toi… maintenant ?
    — Non, non… ça va trop vite… pas chez moi.
    — D’accord. On peut se retrouver demain au café de la place, on pourrait déjeuner ensemble.
    — Non pas déjeuner… d’accord pour prendre un verre.
    
    Devant le silence qui s’installait, c’est elle qui a raccroché.
    
    Comme on peut l’imaginer, elle dormit mal cette nuit-là. Des questions lui passaient par la tête, que voulait Michel ? Revenait-il ? Elle ne voulait pas trop y croire.
    
    Le lendemain, malgré elle, elle fit des efforts pour choisir sa robe, se maquillant légèrement.
    
    Il l’accueillit avec un grand sourire, et lui fit la bise comme deux vieux amis.
    
    Ils se regardèrent ne sachant quoi dire. La gorge nouée, elle avait du mal à articuler :
    
    — Je suis heureuse de te voir… Tu as l’air en forme.
    
    Lui trouvait qu’elle avait beaucoup maigri, mais n’osa pas le lui dire.
    
    — Mon chéri, j’ai eu si peur. J’ai bien cru ne jamais te revoir.
    — Justement, je suis venu te dire que je suis toujours vivant.
    — Tu étais où ? lui demanda-t-elle.
    — Loin, à l’étranger… je ne voulais plus te voir.
    — Oh ! … Tu es parti sans rien.
    — J’ai voulu recommencer ma vie à zéro.
    
    Le silence s’installa à nouveau. N’y tenant plus, elle lui posa alors la question qui lui brûlait les lèvres depuis si longtemps :
    
    — Pourquoi m’as-tu ...
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