Le ramoneur
Datte: 25/12/2024,
Catégories:
fh,
cérébral,
Humour
occasion,
Auteur: Juliette G, Source: Revebebe
... une question de sécurité et d’assurance. Maud avait donc cherché, et trouvé ce qu’elle désirait. Un rendez-vous était donc fixé pour la semaine suivante. Maud tenait à se débarrasser au plus vite de cette corvée.
Pour les professionnels de ce milieu, il ne s’agirait pas d’une disparition brutale. Ils ne seraient pas broyés par les multinationales, ou par le manque de travail. Ils ne plieraient pas face au travail au noir, puisqu’il était obligatoire de s’adresser à ces professionnels. Ils mouraient simplement doucement. À petit feu, pourrait-on dire. Cela prendrait du temps, mais leur disparition serait inéluctable. Bientôt, il n’y aurait plus que quelques romantiques pour rêver devant un feu de bois. Finalement, écologie et nouvelles techniques de chauffes finiraient par faire disparaître toute cheminée. Et donc, tout ramoneur. Cela sauverait certainement quelques arbres. Pour un temps…
Une chute de cheval avait obligé Maud à une longue convalescence. Une douloureuse fracture du bassin et quatre mois de repos complet. La petite société Architecture intérieure et Paysagisme pouvait tourner sans Maud. Les contrats ne manquaient pas, et Alice, son associée, était parfaitement capable de jouer les cheffes d’entreprise. Depuis son accident, seules Alice et son amie Lucie étaient passées la voir. Au tout début de sa convalescence.
Ce mois de mai était doux et Maud s’efforçait de lire en attendant son rendez-vous. Allongée sur une balancelle de fer forgé garnie de ...
... coussins, elle passait le temps parmi ses rhododendrons et son magnolia blanc. Livre ouvert sur le ventre, et regard gris vagabondant sur les fleurs. C’était là encore l’une des particularités de cette femme parfois étonnante. Elle n’avait que très peu lu dans sa vie, ne regardait plus la sacro-sainte télévision, et faisait pourtant montre d’une grande culture. C’était à croire qu’elle était reliée à une entité supérieure, qui lui dispensait une culture riche et variée.
Les crissements de pneumatiques sur les graviers de l’allée, alliés à un bruit de moteur, tirèrent Maud de sa rêverie éveillée. Elle avait quitté la balancelle, quand la voix masculine résonna dans le calme de cette douce matinée.
— Bonjour ! Excusez-moi… Je suis bien chez madame L ? Maud L ?
— Oui. Bonjour.
— Pas facile à trouver votre maison.
— J’aime vivre au calme. Vous êtes monsieur Dante ?
Quelle question idiote ! Le petit camion blanc était agrémenté d’une image peinte. Un âtre où flambaient des bûches embrasées. « Une belle cheminée dans votre cher foyer ». Un jeu de mots sous l’image. Le mot « Ramonage » inscrit en lettres grasses, couleur de feu. Et, en plus petit, le nom de la société et de son patron.
— Oui. Appelez-moi Loïc. Je préfère.
— Si vous voulez… Un café, Loïc ?
— Pourquoi pas ! Oui, merci.
— Installez-vous… Je reviens…
Maud était de nature à s’émerveiller pour de petits riens. Elle était capable de se laisser emporter pour des broutilles. N’était-elle pas tombée follement ...