La magie de la voix
Datte: 12/12/2024,
Catégories:
couple,
voyage,
amour,
jalousie,
dispute,
cérébral,
Voyeur / Exhib / Nudisme
confession,
regrets,
Auteur: morisse.pol75, Source: Revebebe
Vendredi, Paris
L’appel téléphonique arrive alors que nous sommes tous les deux devant l’écran de mon ordinateur.
Depuis quelques jours, nous avons acquis une caméra nocturne pour filmer des animaux qu’on suppose venir roder la nuit dans notre jardin. C’est un désir très fort de Chantal, surtout que des bruits dans le voisinage laissent entendre qu’un renard, voire deux, logerait dans une vieille bâtisse voisine et qu’il viendrait nous visiter la nuit.
Cet appel arrive sur notre ligne fixe reliée à la box. Il est presque midi, je sens déjà l’intrus. Et c’est exactement ça !
— Encore un qui veut nous vendre une chaudière ou isoler notre grenier. Laisse tomber…
Je n’entends que les réponses de Chantal qui a décroché malgré mon avertissement. Elle est comme ça, ma Chantal. Gentille, polie, respectueuse, capable de rester calme devant ce qui, moi, me met rapidement en colère. J’ai longtemps cru que c’était de la timidité avant de réaliser que c’était simplement de la politesse, de l’empathie, de la réserve et du savoir-vivre.
Bougon, je fais défiler les images recueillies cette nuit par notre caméra sur une clef USB dédiée, dans l’espoir d’y voir un animal, un loup, un éléphant ou encore un renard !
Chantal est silencieuse, elle écoute celui ou celle que j’ai déjà pris pour un démarcheur ou une fâcheuse de plus.
À plusieurs reprises, je lui fais signe de laisser tomber et de regarder avec moi les images et les vidéos saisies dans la nuit et ...
... l’après-midi d’hier. D’une main, elle m’intime fermement de la laisser faire. Je bous de rage.
Pourtant je sais qu’elle aime ce moment de partage avec moi. Et moi je suis très attentif à lui faire plaisir, jusqu’à prier qu’un hérisson se fasse piéger par l’œil de la caméra. Je sais qu’elle serait comblée.
Et là, au lieu de regarder l’écran, je l’entends répondre aimablement à son interlocuteur. J’imagine qu’elle s’enfonce dans l’échange avec la personne au bout du fil. Le ton qu’elle emploie est tout bonnement délicieux, alors que moi…
— Je ne suis pas propriétaire… C’est mon mari… C’est lui seul qui peut signer… il n’est pas là.
Encore heureux ! Un silence, puis :
— Inutile de venir s’il n’est pas là… Je sais, monsieur, comme les autres, vous voulez venir chez nous et prendre plein de mesures… Mais si, et comme les autres, au final, on ne reçoit jamais le certificat…
Elle résiste, pendant que moi j’attends ! À plusieurs reprises, je lui fais signe de raccrocher, mais elle ne me regarde même plus. Je m’impatiente alors que je cherche des images pour lui faire plaisir. L’entendre rester calme et polie avec son interlocuteur m’énerve. Je manque de laisser exploser ma colère quand je l’entends lui dire :
— Lundi, 16 heures ? Je suis là, oui. Mais il faut que je demande à mon mari si cette heure lui convient.
Je n’en crois pas mes oreilles, elle m’implique. Le gars doit jubiler !
Le type insiste sans doute, car elle ajoute :
— Je vous le répète, c’est lui le ...