1. Perdu dans les contrées barbares


    Datte: 21/07/2019, Catégories: fh, nonéro, amourpass, Auteur: Brodsky, Source: Revebebe

    … et il était alors rentré chez lui, et il était plus de deux heures du matin, et sa femme l’attendait en lisant un livre, et il se versa unGet 27, et ils parlèrent tous les deux durant un long moment de Bukowski, de ce qui poussait les écrivains à écrire, et de la dernière polémique qui agitait le site littéraire sur lequel ils publiaient tous les deux, et il se dit en la regardant intensément qu’il touchait enfin au vrai bonheur, que c’était cette vie qu’il avait désiré vivre toute sa vie, auprès de cette femme dont il avait rêvé avant même qu’elle ne soit née, et que peu importait aujourd’hui que les Autres l’aient exilé pour toujours dans les contrées barbares ; cela n’avait pas d’importance, cela n’aurait pas d’importance tant qu’elle serait près de lui.
    
    Et si un jour elle n’était plus près de lui, alors plus rien n’aurait d’importance de toute façon.
    
    Ils finirent par se mettre au lit, et elle commença à caresser son entrejambe. Mais il était épuisé et sa nouille resta inerte. Elle décida de la prendre tout entière dans sa bouche afin de la faire grandir, mais il s’endormit comme une masse, vaincu par la fatigue.
    
    En réalité, cet abandon au sommeil était presque une bonne nouvelle. Il ne dormait plus que lorsqu’elle était là. Le reste du temps, il vivait dans la crainte de s’endormir et d’être la proie des cauchemars qui se répétaient sans cesse, nuit après nuit, et le laissaient épuisé au petit matin, pleurant, transpirant, hagard… Il n’était pas à sa place, il ...
    ... n’était pas chez lui dans ces terres ; et plus le temps passait, moins il y comprenait quelque chose.
    
    Ces terres, autrefois civilisées, étaient devenues des contrées barbares. Cela s’était passé tout doucement, un peu à l’image de la ville qu’il habitait, de sa rue, de la petite résidence dans laquelle il louait l’appartement familial. Lentement, la Ville avait grandi, et il lui semblait que dans le même temps elle avait perdu son âme.
    
    On avait rasé les petits pavillons en meulière avec leurs beaux jardins pour y construire des résidences de luxe qui avaient vu arriver de nouveaux habitants, et des centres commerciaux dit « de proximité », avec leur flot désormais ininterrompu de clients toujours avides de trouver de l’inutile moins cher qu’ailleurs. On avait réduit les places de parking et on les avait rendues payantes. Des centaines de voitures circulaient désormais devant chez lui, transformant sa rue si calme auparavant en enfer bruyant du soir au matin. Plus d’endroit où se garer en rentrant du travail. Et les gardiens de la paix transformés en chasseurs de prime, toujours prêts à dégainer le carnet de contraventions qui s’accumulaient sur le buffet de sa salle à manger…
    
    Il avait l’impression que le monde était devenu fou. Devant chez lui, juste à côté du commissariat, les vendeurs de drogues côtoyaient les trafiquants de voitures tandis que les flics posaient les contredanses. Il voulait partir de cet endroit. Rejoindre sa bien-aimée là-bas, en province, dans ...
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