Roxane (4) - Histoires de Sexe

Roxane (4)

... pour m’échapper mentalement de cette prison chimique, mais aussi pour rejoindre Albert, celui par qui j’avais acquis cette passion. Je n’ai jamais autant pensé à lui que lors de mes ébats avec Louis.

Les yeux de Méline brillèrent. Elle se retenait de pleurer.

— Je ne sais pas bien comment il a fait, mais Louis m’a fait sortir. En fait, je ne m’en souviens pas. J’ignore si ma sortie s’est faite légalement ou si je me suis évadée. Honnêtement, je ne sais pas. Je n’ai aucun souvenir de mon évasion. Les mois suivants sont flous. Je jouais, sur Internet ou en vrai. Je baisais. Je ne faisais que cela. Louis me soutenait, je le sais, mais ces moments nagent en plein brouillard. Je n’ai que peu de souvenirs, des flashes. Je me souviens de mes hallucinations, quand je voyais Albert qui n’était pas là. Je me souviens de quelques crises et d’une dizaine de parties de dames tout au plus. Quelques trajets en train, un vol en avion que j’ignore s’il était réel ou imaginé. Tout ça est lointain.

Méline hocha la tête. Elle l’imaginait aisément.

— Et puis j’ai entendu sa voix, tranchante, cassante, froide. Je n’ai jamais pu lui désobéir. J’ai fait ce qu’il m’a demandé. Sa présence m’a complètement détendue. Je me suis sentie bien puis le rêve est devenu réalité.
— Albert t’a embrassée, supposa Méline, et Roxane hocha la tête. Et maintenant, tu vas bien.
— Je vais mieux, la corrigea Roxane. Ça reste difficile par moment. On avance doucement, pas à pas. J’arrive maintenant à ...

... tenir quatre jours. On essaye de monter à six.
— Six jours de quoi ?
— De frustration sexuelle, indiqua Roxane. Au départ, il m’en fallait deux, voire trois fois par jour.
— Pauvre Albert ! Il arrivait à tenir ? Je veux dire, il a… quarante ans, non ?
— Méline ! Le sexe, ce n’est pas qu’une bite dans une chatte !
— Ah oui, c’est vrai. Excuse-moi.
— J’ai appris à arrêter de compenser. J’ai repris confiance. Je sais qu’il suffit que je demande pour obtenir.
— Je ne m’imaginais pas la soumission ainsi, admit Méline.
— Le dominant s’adapte et, oui, Albert a été sacrément obligé de mettre de l’eau dans son vin. Tous ses efforts n’ont pas été vains. Il m’a amenée plus loin que là où j’en étais avant mon retour en France et nous espérons monter encore plus haut. Le chemin est encore long. Par exemple, je n’arrive pas à ne pas être le centre de la scène. Je ne peux pas. Je n’y arrive pas.
— Il se passe quoi ?
— Je lui en veux, indiqua Roxane. J’ai du ressentiment et ce n’est pas le but. Si l’un des deux n’y prend pas plaisir, à quoi bon ? Le but est bien de jouer ensemble ! De ce fait, je ne lui interdis pas de jouer avec d’autres femmes – que ce soit sa soumise ou celle de ses amis –, mais je ne peux pas être présente. C’est trop dur. Je sors, je vais au cinéma ou je lis tranquillement dans ma chambre.
— Ta chambre ? répéta Méline. Tu ne dors pas avec Albert ?

Roxane ricana.

— Ça non ! Je ne sais même pas à quoi ressemble sa chambre. C’est sa grotte personnelle. Pas ...