Le balcon de Valentine - Histoires de Sexe

Le balcon de Valentine

... contente de sourire sans démentir. Seule sa façon de me faire comprendre qu’il supportera difficilement mon absence m’émeut un peu.

— Il nous reste de temps, Monsieur A.

Nous sommes restés un moment silencieux. Lui, me préparant une autre tartine, et moi, allongée et récupérant lentement de ma petite débauche. Je ne ressens aucune honte de m’être comportée comme une débauchée, bien au contraire. J’ai apporté quelque joie à un charmant monsieur. Mieux que cela, je l’ai rassuré. De son propre aveu, Ludovic ne pensait plus être aussi performant. Pour la première fois depuis des années, une érection durable l’avait convaincu de se laisser aller à s’exhiber devant moi. Et bien lui en avait pris. Tout le mérite m’en revenait, et il ne m’en remercierait jamais assez.

— Je crois que je pourrais être classée d’utilité publique alors… Ou débuter une carrière dans les maisons de retraite. La moue de mon voisin démontre qu’il n’apprécie pas beaucoup ma petite diatribe. Pourtant, il ne relève pas.
— Ce n’est pas très gentil ce que je dis…
— En effet. Je ne vous en veux pas, ce n’est pas grave.
— C’est simplement pour vous faire comprendre certaines choses.

Je lui désigne la dernière tartine de pain grillé du doigt, en ajoutant « s’il vous plaît », et Monsieur A s’empresse à me satisfaire.

— Merci.

Il n’a pas lésiné sur la myrtille et j’en ai plein les lèvres.

— Ce que j’ai fait, je ne l’ai pas fait pour vous. Je l’ai fait pour moi. Il est vrai que j’ai éprouvé ...

... quelques doutes au tout début. Je me suis même demandé si je n’étais pas un peu perverse. Avoir envie de m’exhiber devant un homme de votre âge me paraissait un peu… Comment dire ? Malsain. Je vous rassure. Ça n’a pas duré. J’ai oublié votre âge, au lendemain de notre première soirée. Vous m’avez excitée, et donné envie de me laisser aller. Ce matin, je me suis offerte à un homme et non à un vieux monsieur. Et vous avez pu constater que j’ai adoré le faire.

Monsieur A me regarde en silence et je ne peux m’empêcher de rire doucement.

— Non, mais quelle tête d’enterrement ! Allez, souriez !

Ludovic tapote l’extrémité d’un petit cigare sur son ongle sans répondre, et j’attrape mon paquet de cigarettes sans attendre son sourire.

— Ne comptez pas sur moi pour utiliser le pilon pour écraser vos cendres. Je suis éreintée.

Un sourire et il daigne parler.

— Vous étiez si excitante avec ce pilon !

J’allume ma cigarette et le regarde allumer son cigarillo.

— N’insistez pas, vous dis-je ! Revenons à nos moutons. Mon petit laïus est sincère. Je ne fais pas en sorte de vous rassurer. Si vous avez réussi à me mettre dans tous mes états, vous ne devriez pas vous recroqueviller sur vous-même. D’autres femmes pourraient bien se laisser tenter.
— Si vous le dites… Votre départ m’attriste tout de même.
— Je ne suis pas encore partie. Et croyez-moi sur parole. Ayez confiance en vous. Retrouvez cette confiance en vous, si vous ne vous sentez pas capable de plaire. Il y a ...